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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 10:23
Dimanche 3 mai 2009 - 4ème Dimanche de Pâques


La petite bourgade de Lu en Italie du nord : une localité qui compte quelques milliers d’habitants et qui se trouve dans une région rurale à 90 km à l’est de Turin. Cette petite ville serait restée inconnue si en 1881 quelques mères de famille n’avaient pris une décision qui allait avoir de “grandes répercussions”.

 

Plusieurs mamans portaient dans leur cœur le désir de voir un de leurs fils devenir prêtre ou une de leurs filles s’engager totalement au service du Seigneur. Elles commencèrent donc par se réunir tous les mardis pour l’adoration du Saint Sacrement, sous la direction de leur curé, Monseigneur Alessandro Canora, et à prier pour les vocations. Tous les premiers dimanches du mois, elles communiaient à cette intention. Après la messe toutes les mamans priaient ensemble pour demander des vocations sacerdotales. Grâce à la prière pleine de confiance de ces mamans et à l’ouverture de cœur de ces parents, les familles vivaient dans un climat de paix, de sérénité et de piété joyeuse qui permit à leurs enfants de discerner leur vocation beaucoup plus facilement.

Quand le Seigneur a dit : “Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus” (Mt 22,14), il faut le comprendre ainsi : beaucoup seront appelés, mais peu y répondront. Personne n’aurait pensé que le Seigneur exaucerait avec autant de largesse la prière de ces mamans. De cette bourgade sont issues 323 vocations à la vie consacrée (trois cent vingt trois !): 152 prêtres (et religieux) et 171 religieuses appartenant à 41 congrégations différentes. Dans certaines familles il y eut même quelques fois trois à quatre vocations. L’exemple le plus connu est celui de la famille Rinaldi. Le Seigneur appela sept enfants de cette famille. Deux filles entrèrent chez les sœurs salésiennes et, envoyées à Saint Domingue, elles furent de courageuses pionnières et missionnaires. Parmi les garçons, cinq devinrent prêtres salésiens. Le plus connu de ces cinq frères, Filippo Rinaldi fut le troisième successeur de Don Bosco, et Jean-Paul II le béatifia le 29 avril 1990. En fait, beaucoup de jeunes entrèrent chez les salésiens. Ce n’est pas un hasard puisque Don Bosco se rendit à Lu quatre fois dans sa vie. Le saint participa à la première messe de Filippo Rinaldi, son fils spirituel, dans sa ville natale. Filippo aimait bien souvent se rappeler la foi des familles de Lu. “Une foi qui faisait dire à nos parents : le Seigneur nous a donné des enfants et s’Il les appelle, nous ne pouvons quand même pas dire non !”

Luigi Borghina et Pietro Rota vécurent la spiritualité de Don Bosco avec une telle fidélité, qu’on les appelait respectivement “Don Bosco du Brésil” et “Don Bosco de Valtellina”. Mgr Evasio Colli, archevêque de Parme, venait aussi de Lu, et Jean XXIII disait à son propos : “Il aurait dû devenir Pape à ma place, il avait tout pour devenir un grand Pape”.

Tous les dix ans, un grand rassemblement réunissait tous ceux qui étaient encore vivants parmi ces vocations venant des quatre coins du monde. Le prêtre actuel de la paroisse de Lu, Don Mario Meda, qui depuis 24 ans a charge d’âmes en ce lieu, racontait comment cette rencontre était bien évidemment une véritable fête, une fête d’action de grâces envers le Seigneur, pour toutes les grandes choses qu’Il fit à Lu. la prière que les mères de Lu récitaient était brève, simple et profonde :

“Seigneur, fais qu’un de mes fils devienne prêtre ! Je veux vivre moi-même, en bonne chrétienne et je veux conduire mes enfants au Bien, pour obtenir la grâce de pouvoir T’offrir, Seigneur un saint prêtre ! Amen.”

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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 11:24
Dimanche 26 avril 2009, 3ème dimanche de Pâques


Le prêtre au blouson de cuir, Guy Gilbert, ne porte pas de gants de motard. D’ailleurs, il ne prend jamais de gants pour nous dire ce qui le touche. Mieux encore que Michel-Ange ou que Dürer, il présente le prêtre et son ministère en nous donnant à contempler ses mains.

 

On a besoin de tes mains…

L'évêque m'attendait à l'entrée de la salle de conférence. D'instinct je lui ai embrassé la main. Il la retira vivement : "Tu dates, Guy, ça ne se fait plus."

"Père, je veux te dire par là combien l'évêque qui m'a oint les mains, il y a vingt-neuf ans, m'a rendu plus heureux que je n'aurais pu jamais l'imaginer."

Pouvoir phénoménal de tes mains sacerdotales. L'espace des deux phrases de la consécration et tes mains portent le Christ vivant que tu vas offrir à d'autres mains. Aujourd'hui elles ont été consacrées pour le service sublime de l'amour. Maintenant ta puissance n'aura d'égale que ton humilité.

Pauvre de toi, d'avoir été choisi. Par quel mystère fabuleux, tu as entendu un jour cet appel pressant, impérieux, qui t'a amené dans la cathédrale où tu viens de dire enfin : "O.K. je bascule tout à ton service. Je me donne à toi pour le service de l'humanité."

Regarde tes mains, contemple-les. Et n'oublie pas que l'évêque t'a consacré les mains… pas la tête !

Il faut, bien sûr, quelques grosses têtes dans l'Église. Mais surtout des ouvriers. On en manque de plus en plus aujourd'hui.

On a besoin de tes mains qui vont frapper aux portes les plus fermées. Elles sèmeront la compassion,  le pardon, partout. Dans la rue, les avions, le train, les bourgs sordides, les chaumières les plus luxueuses,  les églises.

 

… Tes mains feront passer le mystère d'amour

Si tes mains sont intellectuelles, bourrées de règles, imbues de leur seul pouvoir, elles sont celles des pharisiens qui ne représentent qu'une caste vomie par le Christ. Si tes mains se baladent de lits d'hôpitaux en parloirs de prisons, de l'usine où tu bosses à la paroisse où les plus petits sont accueillis en priorité, elles seront celles du Christ fonçant vers le pécheur, courant derrière la prostituée, éperdues de compassion pour les Zachée et d'autres mécréants.

Si on t'appelle Père (et qui sait, peut-être, un jour Monseigneur), contemple tes mains. Accepte la paternité spirituelle, mais refuse toute vénération vis-à-vis de ta personne. Elle offenserait Dieu et rendrait tes mains captatrices.

Garde-les pures, sans taches, ouvertes, aimantes.

Tes mains, mêmes sales, impures, pécheresses, feront passer le mystère d'amour, malgré tout. Mais, saintes, elles donneront à ton ministère une puissance inégalable.

A la sortie d'une église, au Portugal, des anciennes m'ont saisi les mains, les ont ouvertes et embrassées. Ému, je n'ai pu le leur rendre qu'en baisant leurs vieilles paluches paysannes.

 

Chrétien(ne), embrasse de temps à autre la main ouverte de ton prêtre. Et dis-lui pourquoi. Tu vas sacrément réchauffer son sacerdoce !

 

Père Guy Gilbert

 

 

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 11:10
Dimanche 19 avril 2009 - 2ème dimanche de Pâques et de la Miséricorde


Cette fête a été instituée par Jean-Paul II, en l’an 2000 pour répondre au message d’une religieuse polonaise, Faustine Kowalska, morte à Cracovie à 33 ans. Il attachait une telle importance au Message de la Divine Miséricorde révélé à Sainte Faustine qu'il voulut faire d'elle la première canonisée de l'an 2000 et du troisième millénaire ! Et ce jour-là, pour lui donner un relief encore plus particulier, il ne canonisa qu'elle ! C'était le 30 avril 2000. Depuis nous célébrons la fête de la Divine Miséricorde le Dimanche après Pâques. L'Évangile est celui de l'apparition de Jésus ressuscité aux apôtres et à saint Thomas. Le Christ ressuscité se montre aux apôtres. Il a gardé les plaies ouvertes de sa Passion qui deviennent des signes privilégiés de la Miséricorde.

Les apôtres sont à la fois invités à contempler ces plaies, à recevoir la paix et la joie de la Miséricorde et à en témoigner. A leur exemple, nous sommes aussi invités à vivre l'expérience de la Miséricorde non seulement pour nous-mêmes, mais pour être miséricorde dans ce monde et amener le monde à la Miséricorde, à l'exemple du Christ. Voilà le sens que Jean-Paul II a voulu donner à cette fête. Elle continue l’encyclique « Dives in misericordia » qu’il avait écrite au début de son pontificat, le 30 novembre 1980.

Il écrivait alors : « Plus peut-être que celle de l'homme d'autrefois, la mentalité contemporaine semble s'opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l'idée de miséricorde semblent mettre mal à l'aise l'homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu'ici, est devenu maître de la terre qu'il a soumise et dominée. Cette domination de la terre, entendue parfois de façon unilatérale et superficielle, ne laisse pas de place, semble-t-il, à la miséricorde. A ce sujet, cependant, nous pouvons nous référer avec profit à l'image ‘de la condition de l'homme dans le monde contemporain’ telle qu'elle est tracée au début de la constitution Gaudium et Spes . On y lit entre autres: ‘Ainsi le monde moderne apparaît à la fois comme puissant et faible, capable du meilleur et du pire, et le chemin s'ouvre devant lui de la liberté ou de la servitude, du progrès ou de la régression, de la fraternité ou de la haine. D'autre part, l'homme prend conscience que de lui dépend la bonne orientation des forces qu'il a mises en mouvement et qui peuvent l'écraser ou le servir’ » [n.13-14] ...

En effet, peut-on lire un peu plus haut : « Dans le Christ et par le Christ, Dieu devient visible dans sa miséricorde, c'est-à-dire qu'est mis en relief l'attribut de la divinité que l'Ancien Testament, à travers différents termes et concepts, avait déjà défini comme la «miséricorde». Le Christ confère à toute la tradition de l’Ancien Testament de la miséricorde divine sa signification définitive. Non seulement il en parle et l'explique à l'aide d'images et de paraboles, mais surtout il l'incarne et la personnifie. Il est lui-même, en un certain sens, la miséricorde. Pour qui la voit et la trouve en lui, Dieu devient ‘visible’ comme le Père ‘riche en miséricorde’» [n.12-13].

Voilà, magnifiquement définie par Jean-Paul II, la seule et unique mission de l’Eglise : montrer, à la suite du Christ, la tendresse de Dieu.

 

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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 11:13

Dimanche 5 Avril 2009 -Dimanche des rameaux et de la Passion du Seigneur


 

 

 

Note du "blogmestre" : pour info, cet article est le 300ème depuis la création de ce blog ;-)

 

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 11:00
Dimanche 29 mars 2009 - 5ème Dimanche de Carême

A 67 ans, Raphaël Delpard a conservé sa capacité d'indignation. Acteur puis réalisateur, aujourd'hui écrivain et journaliste, il vient de publier "La persécution des chrétiens aujourd'hui dans le monde". Un livre coup de poing écrit par un homme qui se présente comme athée.

 

Comment vous êtes vous intéressé au sort des chrétiens persécutés à travers le monde alors que vous vous présentez comme athée ?

En 2002, je travaillais à Casablanca (Maroc) pour un tout autre sujet. Un soir, l’un de nos collaborateurs propose de me montrer une vidéo amateur, réalisée avec un téléphone portable. Sur les images, je découvre le mariage d’un couple algérien. J’apprends qu’ils sont chrétiens. La cérémonie se déroule dans une cave. Je me souviens avoir été frappé par l’expression du visage des deux futurs époux et des quelques personnes qui composaient l’assistance : elle trahissait de la joie mais aussi beaucoup d’inquiétude. En voyant cela, en voyant des personnes faire le guet à l’extérieur, pour que le mariage ne soit pas découvert, j’ai été foudroyé ! Comment était-il possible que des femmes et des hommes soient obligés au XXIème siècle de se cacher pour se marier dans leur religion ? Après la Déclaration universelle des droits de l’homme, après la Shoah, après le génocide arménien, comment est-ce possible aujourd’hui ?

J’ai été meurtri par cette découverte car je n’imaginais pas du tout que de telles situations pouvaient exister aujourd’hui. J’ignorais qu’il y avait dans le monde des chrétiens - arabes, chinois, indiens - qui puissent être ainsi persécutés pour leur foi.

 

Comment avez-vous mené l’enquête qui vous a permis d’écrire ce livre ?

Je me suis rendu dans vingt-trois des cinquante pays où sont recensées des persécutions à l’encontre des chrétiens. Parfois clandestinement. Je ne pourrais pas oublier ces entretiens réalisés dans des lieux improbables : des caves, un hammam, un appartement insalubre, où une couverture me séparait à chaque fois de mon interlocuteur. Il s’agissait de ne pouvoir se reconnaître au cas où la police nous inquiéterait l’un ou l’autre.

 

De quel type de persécution les chrétiens sont-ils le plus souvent victimes à travers le monde ?

Les femmes musulmanes qui se convertissent au christianisme sont, dans certains pays, en danger de mort permanent. D’autres femmes sont enlevées, violées. Les chrétiens subissent également des interdictions multiples comme celle, aberrante, faite à un prêtre d’avoir une bible chez lui ou à des groupes de se réunir pour prier.

En Algérie, une police religieuse veille. On se souvient du cas d’Habiba Kouider, chrétienne convertie de 37 ans, jugée pour exercice illégal d'un culte non-musulman. Elle avait été arrêtée en possession de bibles et d’évangiles dans son sac à dos. En Algérie, comme en Corée du Nord, au Viêt-Nam, il faut bien comprendre que cela leur paraît tout à fait normal même si, de notre côté, cela nous fait sortir de nos gonds.

 

Les persécutions ont souvent lieu dans des pays de tradition musulmane. Comment l’expliquez-vous ?

Simplement parce que certains musulmans font une interprétation imbécile du djihad et veulent faire disparaître les chrétiens, ainsi que les juifs et tous les membres des religions autres que musulmane.

 

Vous avez conscience que ce que vous dites n’est pas "politiquement correct" ?

Pour l’intelligentsia, être catholique aujourd’hui, c’est exotique, c’est assimilé au colonialisme, donc à quelque chose de sale, de répressif, de vieillot et d’obsolète. Les protestants évangéliques sont eux affiliés à l’Amérique et aux sionistes.

 

De telles dérives sont-elles possibles en Europe, voire en France ?

Déjà, des cimetières chrétiens sont vandalisés, des prêtres sont agressés dans l’indifférence générale. Je suis inquiet car nos consciences occidentales ont "fait du gras" ; elles se sont ramollies. Tandis que Mme Aubry donne à Lille de l’argent publique pour construire une mosquée, des églises sont détruites ou transformées en pissotière en Algérie, en Irak ou en Arabie Saoudite. Il faut qu’il y ait une réciprocité.

Moi qui suis athée, je veux le dire haut et fort : la France est une terre judéo-chrétienne, pas musulmane. Notre société s’est fondée sur un héritage judéo-chrétien. C’est inscrit dans notre histoire, notre éducation, notre mode de pensée.

 

Quelles suites voulez-vous donner à ce livre ?

Je suis en contact avec l’Aide à l’Eglise en Détresse et avec des associations évangéliques qui soutiennent les chrétiens à travers le monde. Je n’ai rien à leur apprendre ; ces associations font un travail magnifique sur le terrain depuis des années. Mais je leur dis que leur travail n’est pas connu, leur message pas entendu. Si c’était le cas, mon livre n’aurait jamais dû exister. A terme, j’aimerais que ces associations descendent dans la rue pour faire connaître au plus grand nombre la situation des chrétiens dans le monde.

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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 10:53
Dimanche 22 mars 2009 - 4ème Dimanche de Carême

L’image ne manque pas de heurter : Dieu, qui a envoyé son Fils dans le monde par amour, l’a finalement envoyé au supplice de la croix… La valeur rédemptrice de la passion ne doit pas nous faire passer trop vite sur le scandale qu’elle représente : scandale de la souffrance de l’innocent, scandale accru si cette souffrance est vue comme la réalisation plénière d’un dessein d’amour. Le christianisme serait-il une religion définitivement doloriste, se complaisant dans une exaltation morbide de la souffrance ? Quelques éléments de réponse peuvent être apportés.

Au cours de la passion, Jésus a réellement souffert, il n’a pas fait semblant et n’a pas endossé un rôle : les récits de la passion soulignent bien l’état de déréliction de Jésus, son angoisse au jardin des oliviers, sa douleur sur la croix. Or, Dieu aurait pu nous sauver d’une autre manière.

Pourquoi a-t-il voulu laisser son Fils passer par une telle épreuve ? Parce qu’elle est la pleine manifestation de son amour pour l’homme que le Fils devait dévoiler quoi qu’il en coûtât, et cela en pleine liberté, en plein accord avec ce projet du Père qu’il partageait entièrement.

Parce qu’il entre dans ce mystère, parce que le Fils entre dans le dessein du Père qui est de se donner amoureusement à ses enfants, et de leur montrer l’infinité de sa tendresse, Jésus en arrive à se donner et se livrer totalement entre les mains des hommes sans rien reprendre, sans se justifier ni se défendre. Car « il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »… Pour traverser ce mystère du don, il partage notre humanité « jusqu’au bout », en son entièreté, y compris dans la mort qui est le dernier acte de la vie, l’acte qui la résume et la rassemble. En sautant la mort il ne sauvait pas ce qui avait besoin d’être sauvé. Il devait donc la passer. Mais dans le triomphe de ce mystère pascal, il nous montre que la souffrance n’a pas le dernier mot, que la mort n’est que la porte de la Vie. Par sa passion, le Christ n’a donc pas supprimé le mystère du mal et de la souffrance, mais il l’a traversé pour le vaincre par son innocence maintenue jusqu’au bout. Telle est désormais notre espérance : la victoire finale de l’amour sur toute forme de mal et de souffrance.

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 10:49

Dimanche 15 mars 2009, 3ème dimanche de Carême

Témoignage de Jacques Lebreton

Jacques a été privé de la vue et amputé des avant-bras, suite à l’explosion d’une grenade dans ses mains. C’était dans le désert de Libye en novembre 1942...

 

"J’ai reçu une éducation chrétienne, mais en m’engageant dans l’armée à 18 ans, peu à peu, ma foi s’est étiolée, j’ai cessé de pratiquer.

Face au danger, je me posais souvent la question : “Dieu existe-t-il ?” La réponse m’a été donnée d’une façon inattendue, avec l’explosion de la grenade. J’ai été évacué à l’hôpital de Damas. Arriver aveugle à Damas, c’est tout un programme ! Pendant plusieurs semaines, je vivais dans une véritable torpeur. Je savais que mes yeux avaient été atteints, mais pensais pouvoir recouvrer la vue dans un an tout au plus. Le temps arrange tout. En revanche, j’ignorais que sous les pansements qui enveloppaient l’extrémité de mes avant-bras, mes mains avaient été amputées. Quand je découvris la vérité, ce fut la révolte. En Libye, j’avais vu vingt-et-un de mes camarades volatilisés dans une explosion et je m’étais dit : "La mort en pleine bataille, ce n’est rien, on ne la voit pas venir. Ce que je crains le plus, c’est de perdre un bras ou une jambe. Je ne pourrais pas le supporter". Et maintenant, je me retrouvais aveugle et bi-manchot : une quadruple amputation. À 21 ans ! Comment Dieu pouvait-il permettre une pareille épreuve ?

Une religieuse franciscaine vint me voir régulièrement à l’hôpital. Elle me parlait de Job, qui ne maudissait pas Dieu. Elle me citait l’Évangile : “si le grain de blé ne meurt en terre, il ne porte pas de fruit”. Je sentais ces vérités pénétrer dans mon âme et me remis à prier. Je communiais, d’abord deux fois par semaine, puis tous les jours. Je découvris l’amour qui a poussé Jésus à mourir pour nous sur la Croix. J’expérimentais une force mystérieuse qui me rapprochait du Christ et me faisait voir la valeur rédemptrice de mes souffrances. L’amour transforme le cœur, et donne tout son mérite à la souffrance acceptée. M’appuyant sur la force divine et non sur ma faiblesse, je fis à Dieu l’offrande de mes yeux et de mes mains, décidant de ne plus "subir" l’épreuve mais de "l’accepter". L’acceptation est une victoire. Avant d’être blessé, je connaissais le rire, mais pas la vraie joie. Eh bien, ce jour-là, j’ai pleuré de joie sur mon lit d’hôpital.

Curieusement, c’est par la porte Saint-Paul que je suis entré à Damas. Saint Paul y est arrivé aveugle, il y a recouvré la vue. Moi, j’y ai trouvé une lumière infiniment plus précieuse que celle que j’ai perdue. La pire des infirmités, c’est d’être coupé, “amputé” de Dieu !

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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 10:56
Dimanche 1er mars 2009 - 1er Dimanche de Carême

Jésus-Christ et tous les saints ont subi l’épreuve de la tentation, sans que cette épreuve ait porté la moindre atteinte à leur sainteté. Voilà pourquoi toute désolation dans les tentations est déraisonnable.

Il est certaines conditions requises avant, pendant et après la tentation. Avant la tentation, il faut éviter tout ce qui y expose ou ce qui incline au mal : qui aime le danger y périra : qui compte sur sa force sera confondu. D’un autre côté, il ne faut pas craindre la tentation : en la craignant, on la fait naître ; le mieux est de n’y pas penser, et d’être uniquement à ce que l’on a à faire.

Pendant la tentation, il faut, non pas s’amuser avec elle sous prétexte qu’elle est légère, autrement elle prendrait le dessus sur nous ; mais il faut faire avec elle une diversion prompte, ferme et tranquille ; lui tourner le dos avec mépris, sans daigner seulement la regarder ; et si elle produit quelques impressions, il faut les désavouer paisiblement en s’appliquant tout entier à l’action présente.

Après la tentation, il faut l’oublier : la réflexion la ferait revivre. Il vaut mieux s’encourager paisiblement à réparer le mal passé, s’il y en a eu, en faisant très parfaitement l’action présente ; s’unir à Dieu et se jeter entre ses bras avec confiance et amour, en lui disant comme l’enfant prodigue : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre vous.

 

André Hamon (1795-1874)

 

Méditer

Ne nous laissons pas impressionner par la tentation : l’exemple de Jésus et des saints nous montre que la tentation n’est pas péché. Alors au lieu de nous décourager quand elle survient, prenons-en occasion pour renforcer notre attachement au Christ : d’un obstacle, faisons un tremplin.

Concrètement, la résistance à la tentation consiste d’abord à ne pas la rechercher, tout simplement ! Si, par exemple, j’ai la fâcheuse habitude de passer ma vie devant la télévision, la prudence sera de ne pas l’allumer pour voir s’y a quelque chose qui pourrait m’intéresser.

Et si j’ai succombé, l’urgence et de passer à autre chose, et pour cela de m’investir entièrement dans la volonté de Dieu « en faisant très parfaitement l’action présente ». Ce sera la meilleure façon de lui demander pardon, en même temps que d’éviter de retomber en tentation.

 

Décider

Je repère une tentation fréquente dans ma vie (telle personne me met en colère, tel plaisir m’est irrésistible…), et je prends une décision radicale pour l’éviter (j’éviterai les sujets qui fâchent…, je changerai de trottoir pour ne pas m’arrêter devant cette vitrine si alléchante…)

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 10:32

Dimanche 22 février 2009 - 7ème du Temps Ordinaire


Une réflexion de

Mgr Raymond BOUCHEX, évêque émérite d'Avignon


 

L'Eglise: certains ne veulent plus entendre ou prononcer ce mot. Elle est critiquée et ballottée de tous les côtés. Certains disent qu'elle est trop fermée, autoritaire, retardataire. D'autres disent qu'elle ouvre trop les fenêtres, lâche tout, avance trop vite. Les uns et les autres disent, en pensant bien sûr aux autres, qu'elle ne comprend rien à rien.

Pourtant, j’aime l'Eglise. Parce que j’aime JésusChrist ressuscité. Elle est née de Lui grâce à l'Esprit que le Père a envoyé par Lui. Il s'est lié à elle. Il en a fait son Epouse. Elle est son Corps de Ressuscité. Un corps pas toujours très beau, tordu, bancal. Mais elle est son Corps. Il ne s'est pas séparé d'elle. Il n'est pas revenu pour la refaire. Il l'accepte. Il l'aime. Elle est son actualité, tourmentée comme toute actualité.

J’aime l'Eglise, parce que, sans elle nous n'aurions pas les Evangiles, nous ne connaîtrions pas Jésus, nous ignorerions qu'il est ressuscité, nous n'aurions pas le Baptême, ni la Pénitence ni l'Eucharistie, où le Christ ressuscité nous fait naître, nous réconcilie, nous nourrit.

J’aime l’Eglise parce qu’elle est toujours en train de se renouveler dans la fidélité au Christ. En elle aussi, et pas seulement en dehors d'elle, le Christ ressuscité fait du nouveau. Ce nouveau, il nous est donné de le constater souvent. Aimer Jésus-Christ ressuscité, c'est regarder ce qui se renouvelle plus que ce qui ne va pas. Pourquoi ce vent de pessimisme, qui nous fait toujours remarquer ce qui "cloche", qui fait que nous sortons souvent de nos réunions découragés ? Serait-ce que nous oublions que le Christ est ressuscité, que, par l'Esprit, il est toujours en train de créer de la vie ? Aimer le Christ ressuscité, c'est devenir chaque jour capable de regarder d'une manière nouvelle, de contempler les choses admirables qui, souvent, il est vrai, tiennent à rester discrètes, de mettre en commun ce qui vit et qui est source d'espérance.

J’aime l’Eglise parce qu’en elle il y a des chrétiens et des chrétiennes qui pensent qu'il vaut la peine de s'engager totalement et qui jugent que cet engagement peut donner sens à une vie. Ces chrétiens et ces chrétiennes témoignent, au sein même de leur fragilité et de leurs péchés, de la foi au Christ ressuscité et de l'espérance en l'avenir nouveau dont il est la source.

Et j’aime l’Eglise à cause de son élan missionnaire, sans cesse ravivé par certains de ses fils et de ses filles. Grâce à eux, l’Eglise se renouvelle sans cesse dans son amour du Christ ressuscité et rend grâce indéfiniment pour la bonne nouvelle que Jésus-Christ est vivant avec Dieu et avec nous. A tous, grâce à ces hommes et à ces femmes, l’Eglise nous redit qu’il vaut la peine d'essayer, avec nos faibles moyens, non pas de donner ou de transmettre la foi, mais d'ouvrir les chemins de la foi, de permettre qu'un jour d'autres reconnaissent, comme les disciples d'Emmaüs, dans la Parole, le Baptême et l'Eucharistie, Celui qui est le Messie, le Seigneur, et le Fils de Dieu ; qu’il vaut la peine, dans l'acceptation de nos limites et de nos péchés, d'oser nommer au milieu des autres Jésus-Christ.

J’aime l’Eglise parce qu’elle me redit régulièrement, à travers les meilleurs de ses fils et de ses filles, que je n’ai pas le droit de taire toujours et systématiquement le nom de Celui qui fait partie de ma vie plus que le meilleur de mes amis. Car, me rappelle-t-elle, dire le nom de Jésus-Christ, ce n'est pas l'imposer aux autres, c'est manifester qu'il est important pour moi et que je ne peux pas vivre sans lui.

Et en grandissant humblement dans l’amour pour Jésus Christ, ils ont appris que les disciples ne pouvaient pas l’aimer vraiment sans aimer l’Eglise, son Eglise. C'est ce lien indissoluble entre l’amour du Christ et l’amour de l’Eglise que la fête de Pâques nous invite à nous remettre en mémoire et à rendre de plus en plus solide.

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15 février 2009 7 15 /02 /février /2009 11:03
Dimanche 15 février 2009 - 6ème du Temps Ordinaire

Un commentaire du cardinal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles

 

Les miracles des évangiles ?

Au siècle dernier, certains exégètes estimaient de bon ton de dire que les miracles évangéliques n'étaient qu'un tissu de légendes. Seuls le procès de Jésus et le récit de sa passion pouvaient prétendre à quelque historicité. Le reste n'était que des épices que les évangélistes avaient ajoutées avec prodigalité et imagination, pour rendre le plat plus appétissant. Qu'en penser ?

 

Les miracles tiennent une place considérable dans les évangiles, surtout chez Marc. Ce dernier aime les récits pittoresques : 11 % de son évangile sont composés de récits de miracles et, dans les chapitres 7 à 10, cette proportion s'élève à 47 %. Jean rapporte six miracles dans ses onze premiers chapitres, miracles qui fournissent toujours l'occasion d'une longue catéchèse. C'est d'ailleurs ainsi que procède souvent Jésus : sa prédication commence par une guérison ou un exorcisme. L'enthousiasme initial en Galilée ne peut guère s'expliquer indépendamment des miracles. Matthieu construit son évangile d'après un schéma où se succèdent prédications et miracles : c'est ainsi que ses chapitres 5 à 7 sont consacrés à un enseignement immédiatement suivi par des miracles aux chapitres 8 et 9. Chez Jean, il en va autrement : Jésus commence par guérir l'aveugle-né avant de donner une ample catéchèse où Il se présente comme la Lumière du monde. D'abord la multiplication des pains, puis le discours sur le Pain vivant descendu du ciel.

 

Dans leur prédication, les apôtres se réfèrent spontanément aux miracles de Jésus. Ses adversaires (Hérode, les Pharisiens et les scribes) ne songent pas à en discuter l'authenticité, sans admettre pour autant  qu'ils puissent fonder son autorité.

Les miracles ne peuvent donc pas être détachés des évangiles sans que toute leur structure en soit démantelée. (…)

 

Le vrai sens des miracles

Les miracles ne produisent pas la foi, pas plus qu'ils n'y contraignent. Croire reste l'œuvre de la grâce souveraine de Dieu et de notre libre consentement. A quoi peuvent-ils donc servir ?

 

D'abord à nous montrer que le Christ est présent et qu'Il nous accompagne au fil du temps. Nous sommes encore comme les disciples du Baptiste, qui demandaient : "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" Et aujourd'hui, Jésus nous répond, dans les mêmes termes : "Allez dire à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient…". Il en est autrement aujourd'hui comme au temps de Jésus : la foi des disciples naît après le miracle de Cana, et Jean s'étonne qu'ils ne croient pas alors qu'ils ont vu tant de signes (Jn, 12 37-42). Pierre affirme dans sa première prédication que Jésus a été "accrédité" par ses miracles (Ac, 2 22-24).

 

Les miracles accomplis par Jésus sur les corps pointent bien plus loin : ils signifient la guérison de l'âme et de l'esprit. Ils sont comme des anticipations des sacrements : ici aussi le corps est touché (baptisé, oint, nourri) pour signifier la grâce intérieure que Dieu offre par son Esprit.

 

Les miracles sont aussi l'anticipation de la guérison dernière, encore à venir, de l'être humain et du cosmos. Car il viendra, le temps où Jésus ne se limitera plus à dessiller les yeux, à redresser les paralytiques et à ressusciter des morts, mais où Il fera toutes choses nouvelles. C'est alors qu'adviendra la "guérison" plénière et définitive. Les miracles illustrent le "déjà là", mais un "déjà là" encore inchoatif. Ils nous maintiennent debout sur le tremplin de l'espérance. Ils donnent ou restaurent partiellement la vie. Mais un jour se déchaînera la "tornade" de vie qui est dans le Christ et qui mettra fin au "règne de la mort".

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