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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 10:41

 

Les paroles de notre Seigneur Jésus Christ nous invitent à tendre vers un seul but quand nous peinons dans les multiples travaux de ce monde. Nous y tendons alors que nous sommes toujours errants, pas encore résidents ; toujours sur la route, pas encore dans la patrie; toujours désirant, pas encore possédant. Cependant nous devons y tendre, y tendre sans paresse et sans relâche, afin de pouvoir y parvenir un jour.

 

Marthe et Marie étaient deux sœurs, proches non seulement par la chair mais aussi par la foi ; toutes deux s'étaient attachées au Seigneur, toutes deux servaient d'un même cœur le Seigneur présent dans la chair. Marthe l'accueillit comme on a coutume d'accueillir les voyageurs. Mais elle était la servante qui accueille son Seigneur, la malade son Sauveur, la créature son Créateur. Elle accueillit celui dont elle allait nourrir le corps, afin d'être elle-même nourrie par l'Esprit. En effet, le Seigneur a voulu prendre la nature de l'esclave et, dans cette nature d'esclave, recevoir des esclaves sa nourriture, non par nécessité, mais par bonté. Car ce fut de la bonté, que de se laisser nourrir. Oui, il avait un corps, qui le faisait avoir faim et soif.

 

Ainsi donc, le Seigneur fut accueilli comme un hôte, lui qui est venu chez les siens, et les siens ne l'ont pas reçu, mais tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Il adopte des esclaves pour en faire des frères, il rachète des captifs pour en faire ses cohéritiers. Mais que personne parmi vous n'aille dire: « Heureux, ceux qui ont eu le bonheur d'accueillir le Christ dans leur propre maison ! » Ne vous plaignez pas, ne protestez pas parce que vous êtes nés à une époque où vous ne voyez pas le Seigneur dans sa condition charnelle : il ne vous a pas privés de cet honneur. Chaque fois que vous l'avez fait l'un de ces petits, dit-il, c'est à moi que vous l'avez fait.

 

D'ailleurs, Marthe, toi qui es bénie pour ton service bienfaisant, permets-moi de te le dire : la récompense que tu cherches pour ton travail, c'est le repos. Maintenant tu es prise par toutes les activités de ton service, tu cherches à nourrir des corps mortels, aussi saints qu'ils soient. Lorsque tu seras venue à la patrie, trouveras-tu un voyageur à qui offrir l'hospitalité ? un affamé à qui rompre le pain ? un assoiffé à qui donner à boire ? un malade à visiter ? un plaideur à réconcilier ? un mort à ensevelir ?

 

Dans la patrie, il n'y aura plus tout cela. Alors, qu'y aura-t-il ? Ce que Marie a choisi. Là nous serons nourris, nous n'aurons plus à nourrir les autres. Aussi ce que Marie a choisi trouvera là sa plénitude et sa perfection : de cette table abondante de la parole du Seigneur, elle ne recueillait alors que les miettes. Voulez-vous savoir ce qu'il y aura là-bas ? Le Seigneur le dit lui-même, en parlant de ses serviteurs: Vraiment, je vous le dis, il les fera mettre à table, et circulera pour les servir.


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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 10:37

Je suis toujours choqué lorsque je vois à la télévision la tenue de certaines françaises et européennes qui sont en vacances en Algérie, au Maroc, en Tunisie. Elles sont vêtues souvent de tenues qui méritent à peine le nom de vêtements. Je pense alors aux algériens, aux marocains, aux tunisiens qui voient des femmes en de telles tenues.

Quel mépris scandaleux de la culture des femmes et des hommes musulmans, qui ne sont peut être pas plus chastes que nous, mais qui ont une conception autre que la nôtre de la tenue publique des femmes. Inconsciemment, ou peut-être consciemment de la part de ceux qui se croient autorisés à donner des leçons aux pays peu évolués, nous continuons à être imbus d'un esprit de supériorité qui nous autorise à croire que nos manières de faire sont supérieures à celles des autres.

On dira : nous sommes libres ! Oui, mais de quelle liberté ? La vraie liberté n'est pas de faire n'importe quoi. Elle consiste d'abord à respecter la manière de vivre de ceux et celles chez qui nous allons. Nous demandons aux algériens, aux marocains, aux tunisiens, comme aux autres musulmans qui sont chez nous de respecter nos manières de vivre, et nous protestons vivement quand ils ne le font pas. Faisons de même. Sinon, de quel droit jugerions-nous les intégristes musulmans qui pensent que leur culture est bien supérieure à la nôtre ? Comment leur prouver qu'ils ont tort ?


****************

 

Ma question est indiscrète : n'êtes-vous pas choqués par la tenue vestimentaire de certaines jeunes filles qui, il y a dix ans, était celle des prostituées des quartiers chauds de nos villes. Rien ne distingue à l'heure actuelle les prostituées de beaucoup de jeunes filles qui seraient vexées d'être prises pour ce qu'elles ne sont pas. Les présentateurs des journaux télévisés prennent des mines funèbres et scandalisées quand ils ont à annoncer qu'une jeune fille ou une femme a été violée. Les jeunes filles elles-mêmes se plaignent d’être méprisées par les garçons ou d’être victimes de gestes indécents.

A voir la tenue de bon nombre de jeunes filles, et même de femmes très respectables, certains hommes peuvent penser qu'elles sont toutes des prostituées et qu'elles ne désirent que cela. Je pense en particulier aux hommes venant de pays musulmans, où les femmes ont une tout autre manière de se présenter en public. Nous proclamons que nous sommes un pays de liberté. Mais de quelle liberté s'agit-il ? Les musulmans viennent chez nous comme dans un pays chrétien. Quelle idée peuvent-ils avoir du christianisme à nous voir vivre ?

L'intégrisme musulman nous fait peur, et nous avons raison. Sommes-nous conscients que c'est nous qui sommes en train d'amener de l'eau au moulin de l'intégrisme musulman ? Ne nous plaignons pas si nous entendons parfois certains musulmans dire que bientôt notre pays sera musulman. Nous ne le devrons qu’à nous-mêmes et à notre manière de nous comporter.

Raymond BOUCHEX, ancien archevêque d’Avignon (1927-2010)


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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 11:27

Par l'Abbé Laurent Milan

 

A l’occasion des ordinations sacerdotales dans notre diocèse, nous essaierons de mieux comprendre l’identité du prêtre en la situant dans le mystère du Christ et de l’Église. Le Christ est le seul et unique Prêtre de la Nouvelle Alliance et ses ministres ordonnés (nos prêtres et nos évêques) participent à Sa Consécration et à Sa Mission sacerdotale à un titre particulier.

 


Par un don spécial de l'Esprit-Saint transmis à l'Ordination, le prêtre est configuré au Christ et reçoit le pouvoir d'agir par la puissance du Christ Lui-même pour sanctifier, enseigner et conduire les âmes. Vis-à-vis du Peuple de Dieu, le prêtre est signe de la présence et de l'action du Christ Chef et du côté de Dieu, le prêtre est l'instrument du Christ qui édifie son Corps ecclésial. Autrement dit, si le prêtre est signe et instrument de l'action du Christ dans son Église, alors le prêtre est le sacrement vivant du Christ Tête, Pasteur et Époux de l'Église.


 

Le Christ comme fondement de toute sacramentalité


Au centre de la foi chrétienne, il y a le mystère de l'Incarnation : le Fils de Dieu s'est fait homme, sans cesser d’être Dieu, pour que l'homme devienne participant de la Vie divine. Jésus Christ est vrai Dieu et vrai homme, en Lui les deux natures sont unies, sans confusion ni changement et sans division ni séparation. Contemplant ce mystère de foi, notre intelligence cherche des comparaisons pour essayer de "comprendre". Dans cette perspective, en sachant bien la différence essentielle entre les deux réalités comparées, on peut utiliser l'analogie de l'union du corps et de l'âme pour avoir quelque lumière sur le mystère l'Incarnation. Comme le corps qui manifeste de façon sensible la présence agissante de l'âme invisible, de même, l'humanité du Christ manifeste sa divinité. Et comme le corps qui sert d'instrument d'action à l'âme, de même, l'humanité du Christ sert d'"instrument" à la Personne divine du Fils. Or, être "signe et instrument de l'union de Dieu avec l'homme", c'est précisément la définition d'un sacrement. On peut donc légitimement considérer la sainte humanité du Christ comme le sacrement de sa divinité. L'Incarnation du Fils de Dieu est le fondement de toute sacramentalité. La sacramentalité de l'Église (redécouverte à Vatican II) et des sept sacrements découle donc du Sacrement primordial qu'est le Christ en Lui-même. Le Christ glorieux nous communique sa grâce par contact avec sa sainte humanité prolongée dans le temps et étendue dans l'espace par l'Église et les sacrements.


 

Le prêtre, sacrement du Christ Prêtre


Si le Christ, en son humanité, est le Sacrement primordial, le prêtre son ministre est greffé sur Lui comme une humanité de surcroît pour Le prolonger dans l'espace et le temps. Comme le pinceau entre les mains du maître est l'instrument du génie de l'artiste pour réaliser son chef-d'œuvre, de même le prêtre est l'instrument, organe vivant et libre, du Sauveur qui édifie son Église. Cela est particulièrement manifeste dans la Consécration du Corps et du Sang du Christ à la messe : là, le prêtre ne parle pas en son nom propre mais il agit "in persona Christi". À ce moment de la Prière Eucharistique, le prêtre ne rapporte pas les paroles du Christ à la troisième personne, comme dans un récit, mais il parle au style direct, sur un ton intimatoire, au nom du Christ : "Ceci est Mon Corps... Ceci est Mon Sang". Toute l'identité du prêtre se concentre dans les paroles performatives de la Consécration et toute spiritualité sacerdotale en découle ! C'est le Christ glorieux qui est le premier et principal sujet de l'action et le prêtre son ministre agit de façon instrumentale, comme un organe du Christ. On voit bien ici l'humilité du serviteur qui doit représenter un autre que lui : le ministre ordonné est l'ambassadeur et la voix de son Maître. La configuration ontologique du prêtre au Christ Tête doit être complétée par une conformation morale de la vie du prêtre à la charité du Christ.


Prions pour la sainteté de nos prêtres ; qu'ils vivent pleinement leur identité de sacrements du Christ comme icônes vivantes et instruments dociles du Christ Tête, Pasteur et Époux de l'Église.

 


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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 10:47

Malmenée jusque dans les années 1980, (la politesse – dépassée, réactionnaire – avait mauvaise presse...) elle revient aujourd’hui parmi les valeurs phares des Français. Mais, dans les faits, le respect des bonnes manières reste rare. Au-delà de règles sociales, la politesse peut être envisagée par le chrétien comme un service rendu au prochain, une première manière d’aimer.

 

Un jour, dans le métro parisien, à une heure de grande affluence. Arrêt à la station, ouverture des portes. Une foule descend. Une autre monte. Dans un wagon bondé, je suis témoin d’une petite scène juste à côté de moi. Dans cette foule compacte, une dame âgée s’approche des banquettes où quatre personnes semblent absorbées par leur lecture. Mais un homme d’une quarantaine d’années lève le nez, prompt à se lever pour céder sa place. La vieille dame refuse en faisant des manières. Alors une jeune femme s’écrie : « Je vous en prie, Madame, ne refusez pas, c’est tellement rare ! »

 

Oui, la politesse est devenue une denrée trop rare, et la galanterie un art dépassé. Pourtant la politesse, cet « art de se gêner pour ne pas gêner les autres »  est indispensable à toute vie sociale.

« Seule l’ouverture à l’altérité avec pour horizon l’universalité, donc la civilisation, nous livre la condition suffisante d’une personnalité pleinement humaine » écrit l’intellectuel bulgare Tzvetan Todorov, montrant le lien entre l’attention à l’autre et civilisation.

Mais pour un chrétien, il y a plus.

Au-delà du geste de politesse qui peut paraître conventionnel, je suis amenée à aimer comme Dieu aime. En même temps, le fait de poser un geste – main tendue, parole échangée, service rendu – me permet d’être dans la réalité, d’aimer « en actes et en vérité ». En ce sens, la politesse vue comme une disponibilité à aller à la rencontre du prochain, peut être un premier pas et même un signe de charité.

Benoît XVI dans sa lettre encyclique  Dieu est Amour, explique fort bien ce processus : « L’amour du prochain […] consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je ne connais même pas. […]

Au-delà de l’apparence extérieure de l’autre, jaillit son attente intérieure d’un geste d’amour, d’un geste d’attention, que je ne lui donne pas seulement à travers des organisations créées à cet effet, l’acceptant peut être comme une nécessité politique.

Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires : je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin. » 

Du bon usage de la politesse

 

- Commencer par soi. La politesse commence par soi-même. Se respecter est une manière de montrer aux autres qu’on les respecte aussi. Apparence soignée, langage correct...

- Être courtois avec ses proches. On oublie souvent le b.a.-ba de la politesse avec ses plus proches (mari, enfants, parents...) : bonjour, merci, s’il vous plaît, pardon.

- Sourire à tous. Politesse du cœur par excellence, le sourire permet de rejoindre l’autre, au-delà des usages socioculturels, et de désamorcer les situations où l’on se passerait volontiers de politesse...

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 12:33

Dimanche 16 mai 2010, 7e Dimanche de Pâques

 

Pour qui a vu les premières images de la visite de Benoit XVI au Portugal, son soutien populaire est déjà avéré. C’est tout le pays qui accueille le Pape avec ses autorités politiques au complet. Président de la République, catholique convaincu, premier ministre socialiste, maire de la capitale lui aussi socialiste, qui confie symboliquement les clés de la ville à l’illustre visiteur. Et Lisbonne tient à se présenter sous son meilleur jour. Je pense au superbe monastère de Hyéronimites, avec la tour de Belem, qui, à lui-seul, fait la réputation culturelle et touristique de la ville. Le Pape y a été convié juste après son arrivée. Plus tard, c’était la messe sur l’immense place, le Terreiro de Paço, emplie d’une foule immense. Quinze mille jeunes devaient faire un peu plus tard l’assaut tout à fait pacifique de la nonciature apostolique où résidait le Pape. Lequel s’est adressé à eux avant de prendre un légitime repos. Le mercredi 12 mai avait lieu une rencontre avec le monde de la culture à Belem. Cela évoquera pour nous, Parisiens, la conférence prononcée au collège des Bernardins qui est restée dans tous les esprits.

 

La première impression pour ce voyage est donc nettement favorable et il semble que le peuple catholique est au rendez-vous, comme il le fut récemment dans l’île de Malte afin d’exprimer son affection et sa confiance à l’évêque de Rome, dont nul n’ignore qu’il traverse une rude épreuve depuis plusieurs semaines. Aux journalistes qui l’accompagnent, le Pape a d’ailleurs confié dans l’avion comment il vit cette épreuve et comment il la comprend : « La plus grande persécution contre l’Église ne vient pas d’ennemis extérieurs mais de l’intérieur. Elle naît du pêché de l’Eglise. » Ces propos ressemblent à ceux déjà employés dans la lettre aux catholiques d’Irlande. Le Pape y confiait que le péché des siens faisait encore plus de mal à l’Eglise que les persécutions les plus graves qu’elle avait subie parce qu’il dénaturait son visage et apportait un terrible contre-témoignage à la puissance de l’Evangile.

 

Il apparaît que l’opinion publique, et notamment l’opinion catholique, ne réagit pas de la même façon au scandale dans tous les pays, même si elle est partout meurtrie. Dans les échos venus d’Allemagne, et même de Bavière, où les révélations relayées par la presse sont rudes, on note beaucoup de désaffections qui parviennent dans les évêchés. A Malte, au Portugal, il semble que la même épreuve est vécue comme un appel à renforcer la solidarité dans l’Eglise autour de son chef. En France, on a noté, d’une façon générale, une assistance plus nombreuse aux offices de la Semaine sainte. Mon propre curé de paroisse m’expliquait un phénomène singulier : le doublement du nombre des confessions, ainsi qu’une présence aussi nombreuse à Pâques qu’à Noël, ce qui constitue un fait nouveau tout à fait précieux. Le moment de l’épreuve peut être celui d’un approfondissement intérieur. La blessure de la faute conduit à s’interroger plus sérieusement sur le sens chrétien de la Rédemption, l’abîme du Vendredi saint et la victoire de Pâques. Ainsi, me semble être vécue la visite au Portugal, qui a vu son apogée le 13 mai sur l’esplanade de la Vierge de Fatima.

par Gérard Leclerc (France Catholique)


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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 11:17

Dimanche 9 mai 2010 - 6e dimanche de Pâques

 

Dès le début de ses Confessions, saint Augustin a cette phrase d’une concision et d’une profondeur extraordinaire :

Fecisti nos ad te et inquietum est cor nostrum, donec requiescat in te  (Augustin, Confessions, livre 1, chap. 1, ligne 6) « Tu nous as faits pour toi (fecisti nos ad te) et notre coeur est sans repos (inquietum est) jusqu’à ce qu’il se repose en toi (donec requiescat in te).

 

Ce texte contient déjà tout ce qu’on peut dire sur la paix du coeur.

L’expression latine « fecisti nos ad te » possède une force qu’il est bien difficile de rendre en français. L’accusatif de « ad te » implique un but, un mouvement vers. Et puis il y a aussi l’opposition entre le fait que notre cœur est « sans repos » (inquietum), sans quies, sans quiétude, aussi longtemps qu’il ne se repose (requiescat) qu’il trouve sa quies en Dieu. Inquietum, pourrait évidemment se traduire aussi par inquiet.  Et il y a deux formes d’inquiétude. L’une est négative et l’autre positive.  L’inquiétude négative consiste à être tiraillé entre toutes sortes de préoccupations contradictoires qui nous enlèvent la paix de l’esprit et du cœur.  L’inquiétude positive est celle qui vient du refus de se reposer en quoi que ce soit d’autre que le but désiré, et qui s’identifie au désir. 

Un cœur en paix, c’est un cœur unifié – un cœur qui n’est pas divisé entre des amours et des désirs contradictoires. C’est surtout un cœur centré sur un but vers lequel il tend en ligne droite. 

C’est là le sens de la vie monastique.  C’est là aussi le sens premier du mot moine. On relie souvent le mot grec monachos à un autre grec monos, et on en conclut que le moine est celui qui vit seul.  Ce qui n’est pas le sens premier.  Dans le langage chrétien primitif, avant que n’apparaisse le phénomène monastique, le mot  grec monachos, qui n’existe pas dans le grec classique, est utilisé pour désigner quelqu’un qui a assumé le célibat

Or la racine sémitique du mot signifie non seulement « être seul », mais « être un », ne pas être « divisé ».  Et c’est là le sens fondamental du mot monachos, comme c’est le sens du célibat assumé pour le Royaume des cieux. Le moine c’est celui qui est un, unifié, intègre.   

Dans le psaume 86, 11 nous chantons: « unifie mon coeur pour qu’il cherche ton nom ».

« Unifie mon cœur » veut dire : « Fais que je n’aie pas un cœur partagé ». Cette unité du cœur est l’équivalent de la « pureté du cœur ».  Et quel est l’opposé de cette unité ou de cette pureté, c’est la « duplicité » du cœur.

Un cœur en paix c’est un cœur unifié, qui n’est pas partagé entre divers buts et divers amours, qui va droit au but, qui n’a qu’un but, qu’une préoccupation dans sa vie. Qu’un amour. 

La vertu correspondant à cette attitude ou à cet état, c’est la simplicité. Cette notion de simplicité est assez proche de celle de stabilité dans la Règle de saint Benoît.  Dans le chapitre 58, sur la réception des frères, Benoît veut qu’on se préoccupe tout d’abord de voir ce que cherche vraiment le candidat.  (La préoccupation de savoir s’il « a la vocation » est une préoccupation tout à fait moderne). Il faut assurer de deux choses : la première est « qu’est-ce qu’il veut ? ».  Cherche-t-il vraiment Dieu ? Autrement dit : « a-t-il un but unique et précis ? ». S’il cherche vraiment Dieu il sera assidu à l’Opus Dei, et à l’obéissance et acceptera le cas échéant les humiliations.  Mais la question qui résume tout : Est-il orienté vers Dieu.  Est-ce l’objet de son désir. La deuxième question est : Est-il vraiment sérieux dans cette recherche ? Est-il prêt à en payer le prix ? Et, à chaque étape du discernement qu’on fait avec lui, on continuera ce discernement s’il promet sa « stabilité », qui est beaucoup plus que le fait de demeurer dans un même lieu.  C’est avant tout la stabilité dans le cheminement, dans la poursuite du but.  On devra vérifier, dit Benoît, s’il « persévère dans cette [sa] stabilité ». 

Un cœur en paix est un cœur où il n’y a pas de guerre, pas de lutte.  Et cela n’est pas donné.  Il faut y arriver après une longue route de conversion.  C’est pourquoi un cœur en paix est nécessairement un « cœur pacifié » - un cœur qui s’est laissé pacifier par l’Esprit qui a sans doute utilisé beaucoup d’instruments divers. 

La paix du cœur est le fruit d’un long et constant cheminement qui nous fait passer du besoin au désir.

L’être humain connaît en effet un grand nombre de besoins, qu’il a en général en commun avec les autres êtres, surtout ceux de l’ordre animal ; mais ce qui lui est propre comme être humain c’est le désir

Dom Armand VEILLEUX, trappiste

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 11:18

Dimanche 2 mai 2010, 5e dimanche de Pâques


Extrait du discours de Mère Teresa à Oslo lors du Prix Nobel

10 décembre 1979

 

L'amour des autres nous rendra saints

Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils. Et il l'a donné à une Vierge, la Sainte Vierge Marie. Et elle, dès l'instant où il vint au monde, s'empressa de le donner aux autres. Et que fit-elle alors ? Elle travailla pour les malheureux ; elle répandit simplement cette joie d'aimer en prodiguant des bienfaits.

Et Jésus-Christ vous a aimés et m'a aimée et il a donné sa vie pour nous. Et comme si ce n'était pas encore assez, il n'a cessé de dire : "Aimez comme je vous ai aimés, comme je vous aime maintenant". Et il nous a dit comment nous devons aimer en donnant. Car il a donné sa vie pour nous et il continue de la donner. Et il continue de la donner ici même et partout, dans nos propres vies et dans la vie des autres.

Ce ne fut pas assez, pour lui, de mourir pour nous. Il a voulu que nous nous aimions les uns les autres, que nous le reconnaissions dans tous nos prochains. C'est la raison pour laquelle il a dit : "Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu". Et pour être sûr que nous comprenions sa pensée, il a dit que, à l'heure de notre mort, nous serons jugés sur ce que nous aurons été pour les pauvres, les affamés, les nus, les sans-logis. Et il se fait lui-même cet affamé, ce nu, ce sans-logis. Pas seulement affamé de pain, mais affamé d'amour; pas seulement dénué d'un morceau de tissu, mais dénué de dignité humaine ; pas seulement sans-logis par manque d'un lieu où vivre, mais sans-logis pour avoir été oublié, mal aimé, mal soigné, pour n'avoir été personne pour personne, pour avoir oublié ce qu'est l'amour humain, le contact humain, ce que c'est que d'être aimé par quelqu'un.

Et il a dit encore : "Ce que vous avez fait pour le plus petit de mes frères, vous l'avez fait pour moi".

C'est si merveilleux, pour nous, de devenir saints par cet amour ! Car la sainteté n'est pas un luxe réservé à un petit nombre, c'est simplement un devoir pour chacun de nous et, à travers cet amour, nous pouvons devenir saints — par cet amour des uns pour les autres.

(…) Nos pauvres gens, nos splendides gens, sont des gens tout à fait dignes d'amour. Ils n'ont pas besoin de notre pitié ni de notre sympathie. Ils ont besoin de notre amour compréhensif, ils ont besoin de notre respect, ils ont besoin que nous les traitions avec dignité. Et je pense que nous faisons là l'expérience de la plus grande pauvreté ; nous la faisons devant eux, eux qui risquent de mourir pour un morceau de pain. Mais ils meurent avec une telle dignité !

Je n'oublierai jamais l'homme que j'ai ramassé un jour dans la rue. Il était couvert de vermine, son visage était la seule chose propre. Et cependant cet homme, lorsque nous l'avons amené à notre mouroir, a dit cette phrase : "J'ai vécu comme une bête dans la rue, mais je vais mourir comme un ange, aimé et soigné". Et il mourut merveilleusement bien. Il s'en alla dans sa maison, chez Dieu, car la mort n'est pas autre chose que de rentrer chez soi, dans la maison de Dieu. C'est parce qu'il avait éprouvé cet amour, parce qu'il avait eu le sentiment d'être désiré, d'être aimé, d'être quelqu'un pour quelqu'un, que, dans ses derniers instants, il a ressenti cette joie dans sa vie.

 

Aimer les autres jusqu'à en avoir mal

Je n'oublierai jamais le petit enfant qui m'a donné une merveilleuse leçon. Les enfants avaient entendu dire, à Calcutta, que la Mère Teresa n'avait pas de sucre pour les enfants. Or une petit garçon hindou, de 4 ans, rentra à la maison et dit à ses parents : "Je ne veux pas manger de sucre pendant trois jours. Je veux donner mon sucre à Mère Teresa".

Combien un petit enfant peut-il manger ? Après trois jours, ses parents l'amenèrent chez moi et je vis ce petit Il pouvait à peine prononcer mon nom. Il aimait d'un grand amour ; il aimait à en avoir mal.

Et voici ce que je vous propose : nous aimer les uns les autres jusqu'à en avoir mal. Mais n'oubliez pas qu'il y a beaucoup d'enfants, beaucoup d'enfants, beaucoup d'hommes et de femmes qui n'ont pas ce que vous avez. Souvenez-vous de les aimer jusqu'à en avoir mal.

Il y a quelque temps — cela peut vous sembler très étrange — j'ai recueilli une petite fille dans la rue. Je pus voir sur son visage que cette enfant avait faim. Dieu sait depuis combien de jours elle n'avait pas mangé ? Je lui ai donné un morceau de pain. Et la petite fille se mit à manger ce pain miette par miette. Et comme je lui disais : "Mange ce pain", elle me regarda et dit : "J'ai peur de manger ce pain parce que j'ai peur d'avoir de nouveau faim quand il sera fini". Telle est la réalité.
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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 10:29

Dimanche 18 avril - 3e Dimanche de Pâques.


Quand nous nous interrogeons sur la vie après la mort, nous avons bien des questions. Et si nous croyons à la Résurrection, des questions subsistent encore : avec quel corps ressusciterons-nous ? Aurons-nous un âge ? Le disgracié sera-t-il beau ? Nous reconnaîtrons-nous ?

 

Notre imagination n’est pas avare de questions. La résurrection de Jésus nous laisse entrevoir un "autre monde". Mais ce monde demeure "incompréhensible" sur bien des aspects. Il n’est pas la réplique de notre monde actuel, il est "au-delà"...

"Pensez-vous que Dieu n’a pas de quoi le vêtir ?", répondait Jeanne d’Arc, lors de son procès, quand on lui demandait si l’Ange était habillé. C’est un peu la réponse qu’il faudrait faire à beaucoup de nos questions pratiques sur la vie au Ciel.

Mais attention à ne pas passer à côté de l’essentiel. Au temps de Jésus, les Sadducéens, groupe religieux parmi les Juifs de l’époque, se posaient eux aussi des questions . Et ces questions sur la Résurrection étaient tellement incongrues, qu’ils ne parvenaient pas à s’ouvrir au message essentiel de Jésus... Leur curiosité et leur rationalisme les ont conduits à un "blocage" spirituel. Les modalités physiques de notre résurrection sont un point sur lequel Jésus n’a pas soulevé complètement le voile, tout en nous donnant suffisamment d’indications pour que notre pensée ne s’égare pas. Il y a une chose dont nous pouvons être certains : Dieu nous donnera le meilleur !


Le Ressuscité de Pâques, un "prototype"


Pour affirmer quelque chose de notre propre résurrection, il nous faut regarder Jésus Ressuscité. Un peu comme un "prototype". Mais n’oublions pas que cette résurrection a lieu dans un monde qui n’a pas encore été "recréé", comme cela sera le cas pour la nôtre. Elle s’adapte donc d’une certaine façon à ce monde-ci. Il s’agit "d’apparitions", c’est-à-dire de moments où le Ressuscité se donne à voir à des témoins. L’invisible se fait visible, pour une part seulement, car nous ne sommes pas entrés dans les dimensions de l’éternité. C’est pourquoi les manifestations du Ressuscité de Pâques sont à la fois dans la continuité de ce monde et sans rapport avec notre expérience commune. Il est à la fois le même et ouvre sur une autre réalité. Il doit insister auprès de ses disciples pour leur montrer que c’est bien lui, Jésus, à nouveau vivant (Luc ch 24, v 39 à 43). Les premiers disciples ont du mal à le reconnaître. Il leur faut un certain temps d’accommodation et un certain regard de foi : la vision naturelle ne suffit plus... Mais son corps garde les marques de sa Passion, les traces de son histoire. Il peut poser les actes de la vie physique (manger, boire), mais il n’est plus soumis à ses lois : il apparaît et disparaît, traverse les cloisons (Evangile selon saint Jean ch 19, v 20), est affranchi des limites d’un corps mortel. La gloire le transfigure.


La "création nouvelle"

 

Cette expérience du Ressuscité peut nous éclairer sur le statut de notre corps de ressuscité. Actuellement, notre âme existe avec un corps lié aux conditions de la vie terrestre. Il a ses limites et ses imperfections naturelles, il est marqué par la maladie, la souffrance et la mort, liées au péché. Dans la création nouvelle, il y aura une parfaite transparence des corps aux âmes sanctifiées et glorifiées. Nos corps auront la beauté de notre sainteté. Plus nous serons saints, plus nous serons beaux, mais d’une beauté dont nous n’avons aucune expérience en ce monde. Une beauté que la Transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor nous laisse entrevoir (Évangile selon saint Matthieu, ch 17, v 2).

Notre corps ressuscité sera vraiment le nôtre, personnel, un corps à nul autre pareil, dans sa singularité extrême, le corps qui est partie intégrante de notre personne. Ce qui sera le plus personnel en lui, c’est l’amour de charité qui l’aura façonné sur cette terre et qui lui donnera son visage d’éternité. Il aura perdu toutes les séquelles du péché par lesquelles les hommes se ressemblent. Transfiguré par l’Amour, il sera d’autant plus différent des autres corps qu’il incarnera l’amour unique, l’histoire unique, dont aura été tissée sa vie terrestre. Cette rénovation mystérieuse qui transformera l’humanité et le monde, la Bible l’appelle "les cieux nouveaux et la terre nouvelle"... Dans cet "univers nouveau" (Apocalypse ch 21, v 5), Dieu aura sa demeure parmi les hommes. "Il essuiera toute larme de leurs yeux ; de mort il n’y en aura plus ; de pleurs, de cris et de peine il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé." (Apoc. 21, 4).
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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 10:46
Dimanche 21 février 2010 - 5e Dimanche de Carême

 

La jeunesse me semble la période à la fois la plus formidable et la plus difficile de la vie.

La plus formidable : tu as toute une vie devant toi et tu sens en toi beaucoup d’énergies qui ne demandent qu’à se dépenser.

Mais c’est aussi le moment où tu commences à découvrir combien tu es capable d’être lâche. Plus jeune, tu te croyais brave. Tu réalises aujourd’hui qu’il est difficile d’être généreux, d’être franc, d’être pur, en toutes circonstances. Tu as beau prendre de bonnes résolutions: il t’arrive plus d’une fois de tomber. Et ça fait mal !

Je voudrais te montrer comment Thérèse peut t’aider à vivre le paradoxe de ta condition humaine si bien mise en valeur par Pascal: tu es à la fois “grand” et “misérable”. Tu rêves de sainteté et d’absolu mais tu manques souvent de volonté pour réaliser ton idéal.

Eh bien ! Thérèse te dit que tu dois apprendre à faire deux choses aussi importantes l’une que l’autre :

- reconnaître ta faiblesse sans t’y résigner

- être persuadé que tu es capable de devenir un saint

 

1. Reconnaître ta faiblesse sans t’y résigner

Tout en ayant été très spécialement préservée du péché, Thérèse avait un sens aigu de sa fragilité. Elle savait par exemple qu’elle aurait pu s’empêtrer au moment de son adolescence dans des amitiés trop sensibles si l’occasion s’en était présentée. Mais, explique-t-elle dans son cahier de souvenirs, Jésus s’est arrangé pour que cela ne se produise pas.

Plus tard, au Carmel, elle a senti combien il lui était difficile d’aimer toutes ses sœurs telles qu’elles étaient. Avec leurs défauts. Jusqu’à la fin de sa vie elle a eu par exemple beaucoup de mal à supporter les manières un peu guindées de sa sœur, Thérèse de Saint-Augustin. Mais elle ne lui faisait rien voir et se mettait même souvent près d’elle en récréation.

Attention ! Il arrivait à Thérèse de pécher. Elle se confessait ! Mais elle le faisait dans l’émerveillement de la Patience du Seigneur envers elle.

Elle expliquait à ses novices qu’il fallait toujours profiter de ses faiblesses pour chanter la miséricorde du Seigneur. "Nous ne sommes pas des saintes qui pleurons nos péchés" disait-elle à sœur Marie de la Trinité, sa plus jeune novice, "mais nous nous réjouissons de ce qu’ils servent à glorifier la miséricorde du bon Dieu".

Bien loin de te décourager, la conscience de ta faiblesse peut et doit être le tremplin qui te précipite un peu plus dans les bras de Jésus. "Tu vois, Seigneur, les bêtises que je suis capable de faire lorsque j’essaye de me débrouiller tant seul ! Porte-moi sur le chemin, car sans Toi je tombe !".

2. Etre persuadé que tu peux devenir un saint

Thérèse avait compris qu’elle devait prendre à la lettre le mot de Jésus : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait" (Mt 5, 47). En lisant très jeune la vie de Jeanne d’Arc, elle avait senti monter en son cœur le désir de devenir elle aussi une grande sainte. Mais, pensait-elle, je serai une sainte “bien cachée”, ignorée de tous. C’est par l’accomplissement de toutes petites choses que je deviendrai une grande sainte, que je réjouirai énormément le cœur de Jésus.

Car Thérèse a réalisé très vite qu’elle pouvait vraiment réjouir le cœur de Dieu en accomplissant jour après jour, minute après minute, la volonté de Dieu sur elle. Peu importe si ce que je fais ne me plaît pas tellement. L’essentiel, c’est que je puisse plaire à Jésus !

Oui, ici encore, ta vie sera complètement transformée le jour où tu comprendras à l’école de Thérèse, que tu peux plaire à Jésus par la moindre de tes actions.

par M. l’Abbé Descouvemont

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7 mars 2010 7 07 /03 /mars /2010 11:00
Dimanche 7 mars 2010 - 3e Dimanche de Carême

Quel est le sens de la vénération des reliques ? Quel prix l’Eglise attache-t-elle à cette pratique ?
Petit rappel historique et théologique.

 

« Celui qui est affectionné pour quelqu’un vénère aussi les choses que cette personne a laissées d’elle-même après sa mort » dit simplement saint Thomas d’Aquin( †1274). Comme d’habitude, la théologie part de l’expérience humaine la plus simple et spontanée. Quand vous regardez le collier que portait votre grand-mère ou le missel dont elle se servait, ce n’est pas au collier ou au missel que va votre affection, mais à votre grand–mère que ces objets vous rappellent. Vous vous souvenez alors de sa bonté et de sa foi, des bons conseils qu’elle vous a prodigués et vous rendez grâce à Dieu de vous avoir donné une telle grand-mère. C’est dans ce comportement humain tout à fait naturel que s’enracine le culte des reliques. Si nous conservons des vêtements ou des objets de nos aïeux, à bien plus forte raison devons-nous vénérer le corps d’un saint qui fut le membre de Jésus Christ, le temple et l’instrument de l’Esprit-Saint et qui est promis à l’éternelle résurrection.

Historiquement, le culte des reliques a commencé avec le témoignage des martyrs. Comme il est touchant, le tableau qui nous montre les héroïques sainte Praxède et sainte Prudentienne allant, au péril de leur vie, récupérer pieusement quelques débris de leurs frères moulus par la dent des fauves ! Ce culte était si insupportable aux païens qu’ils s’acharnaient sur les corps des martyrs pour être sûrs qu’il n’en restât rien.

Quand les persécutions prirent fin, on put plus librement célébrer les anniversaires des glorieux martyrs au lieu de leur sépulture. Cet usage est unanime et universel. D’autant plus que toute l’antiquité témoigne des innombrables signes que Dieu accorde en présence des saintes reliques. Les récits de miracles foisonnent. La Bible elle-même ne raconte-t-elle pas les prodiges qui s’opérèrent avec le manteau d’Elie (2 Rois 2,14) ou encore avec le cadavre d’Elisée (2 Rois 13,21) ? Comme si Dieu avait attaché une certaine vertu aux reliques des saints prophètes. Après tout, explique saint Jean Damascène (†749), "si Dieu a fait jaillir l’eau d’un rocher au désert, pourquoi serait-il incroyable qu’il fît jaillir un torrent de grâces du corps des saints ? "

Bien sûr la piété populaire, toujours à la recherche de sensationnel, risquait de s’emballer. Le culte des reliques pouvait tourner à la superstition ou au fétichisme. Au IVème siècle le prêtre toulousain Vigilance en vint même à le condamner comme une idolâtrie. Saint Jérôme (†420) écrivit alors un cinglant "Contra Vigilantius", où il explique que "nous honorons les reliques des martyrs afin d’adorer Celui dont ils ont été les martyrs". Tous les Pères de l’Eglise appuient de leur autorité et éclairent de leur science un culte si estimable.

Saint Thomas d’Aquin consacre un article de la Somme à justifier la vénération des reliques. Il en donne trois motifs :

L’affection qui nous lie aux saints, amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de Lui, nous porte à vénérer tout ce qui reste d’eux, vêtements, objets etc..

• On doit vénérer principalement le corps des saints qui ont été les temples et les organes de l’Esprit Saint et qui doivent être configurés au corps du Christ dans la gloire de la Résurrection.

• Toute l’histoire de l’Eglise prouve que Dieu accomplit des miracles en présence des reliques des saints.

Le Concile Vatican II rappelle que "selon la Tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Eglise, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images." Il faut respecter le sens religieux du peuple chrétien qui de tout temps a entouré la vie sacramentelle de l’Eglise par de telles formes de piété légitimes.

Bien sûr, il ne manque pas de nos jours de beaux esprits pour railler le culte des reliques comme une piété désuète et superstitieuse. Mais le sensus fidelium ne s’y trompe pas. Le peuple des fidèles accourt en masse dès que des reliques sont proposées à sa vénération. Le culte des morts est un des critères décisifs d’hominisation. "Notre religion est sainte qui a bien connu l’homme", disait Pascal.

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