De manière inattendue, Jésus se tourne vers ses disciples pour leur demander ce que le peuple pense de lui et comment eux-mêmes le considèrent.
Pourquoi Jésus a-t-il besoin de savoir cela ? Est-il curieux de savoir l’effet qu’il produit sur les foules ?
Comme à chaque fois dans l’Evangile, la question que pose Jésus a un objectif bien pédagogique …
Passée la réponse sensée retranscrire l’opinion de la foule, c’est Pierre qui prend la parole au nom des Douze pour une profession de foi qui va beaucoup plus loin que l’avis des gens : « Tu es le Messie ! ». Dans son acte de foi, Pierre se fait le représentant de la foi des autres apôtres, il se fait leur porte parole, et en même temps il élève la foi de ses frères. Par son acte de foi, il pousse les Douze à avoir la même confiance en Jésus pour le reconnaître eux aussi comme le Messie d’Israël.
Mais l’annonce que fait Jésus de ses souffrances et de sa mort va mettre le chef des apôtres hors de lui. Ce programme ne colle pas du tout avec l’idée qu’il s’était forgée du libérateur d’Israël…
Et Jésus va reprendre Pierre, mais l’évangéliste précise qu’il le fait après s’être retourné et avoir vu les autres disciples derrière lui. Comme si Jésus le reprenait d’abord parce qu’en doutant, Pierre pouvait entraîner ses frères dans son doute.
Il existe entre les croyants une solidarité dans la foi.
Comme Pierre dans son acte de foi, nous pouvons élever nos frères par notre confiance en Jésus, par notre volonté de nous mettre à sa suite …
Mais comme Pierre, nous pouvons être pour nos frères une occasion de chute lorsque nous refusons de sortir de nos façons de penser et que nous doutons face à ce que Jésus nous demande.
Au final, ce que Pierre redoute, c’est la Croix que Jésus annonce. Et il la redoute non à cause de la souffrance que cela entrainera pour Jésus, mais d’abord parce que cela ne rentre pas dans sa vision du Messie. Trop attaché à ses préjugés sur ce que doit être le libérateur d’Israël, il en vient à douter dans sa foi, entraînant ses frères dans le même doute.
Nous nous nourrissons de la foi de nos frères, et nos frères se nourrissent de notre propre foi. Soyons les uns pour les autres des témoins du Messie, quelque soit le chemin qu’il nous fait prendre, et même si nous voyons que ce chemin ne sera pas épargné par la Croix.
Don Pierre +