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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 01:20
Dimanche 28 février 2010 - 2e dimanche de Carême

Je plaide coupable de ne pas prier assez. J’en suis là. Et vous, peut-être. On a beau dire, au risque de s’étouffer, que l’union à Dieu est la respiration de l’âme, la dernière roue de la charrette qui transporte nos journées est souvent pour le Maître. Et pourtant, que de résolutions, que de promesses n’avons-nous pas formulées en vue de prier davantage ! C’est ainsi, l’intelligence a beau se déterminer en se redisant inlassablement la valeur unique de la rencontre avec Dieu, quand l’heure sonne, celle de tout arrêter pour se tourner vers lui, il n’y a plus personne, ou pas grand monde. Mais pour autant - et que cela nous rassure sans tout à fait nous excuser - Dieu ne se vexe pas.

 

Par nature, au-dessus de la nôtre, il comprend la moindre défaillance et les enchaînements qui ne roulent pas : de nos désirs à leur accomplissement, il y a souvent la mer à traverser avec ses houles de paresse, ses vagues de distractions, et nos inconsistances à conserver le cap ! Dieu le sait fort bien, surtout depuis l’heure de son agonie où ses plus proches dormaient à poings fermés sans se soucier du sang qui perlait à son front.

 

Pauvres types que nous sommes, jamais au rendez-vous. Et pourtant, nous le savons parfaitement, c’est une chance inouïe que de pouvoir prier, lever la voix, le cœur et jusqu’à la moindre pensée en direction du Créateur qui, de son côté, aurait très bien pu fixer un autre type de rapport fondé sur un silence éternel et qui, marquant franchement les distances, aurait ainsi imposé à ses enfants une impossibilité radicale de lui parler : « Inclinez-vous, fermez-la, obéissez ! »

 

Bah ! Quel mauvais rêve je viens de faire ! Oubliez-le. En vérité, les portes sont ouvertes, les voix communiquent, l’amour sillonne en aller-retour, sur un faisceau de lumière doux et continu, l’invisible trajectoire unissant l’esprit de l’homme à celui de Dieu. C’est dire qu’entre terre et Ciel, la distance est nulle, à jamais abolie par l’adorable Trinité qui, au plus intime de nous-mêmes, restant aux aguets, espère un souffle qui l’appelle.

Mais souvent, rien. Elle constate nos mouvements, nos goûts, nos choix, nos rencontres, les fortuites et les amicales, nous trouve même assez loquaces à la table des amis, mais en sa direction, il faut l’avouer, ce n’est fréquemment que la dîme qui remonte, un dixième de notre temps et de nos mots.

 

Dieu, comme toujours, non seulement ne se vexe pas, mais encore se contente de ce qu’on lui donne. N’en profitons pas, ce n’est pas une raison pour rester dans la pâle tiédeur d’un lien dont l’idéal d’amour ne saurait se limiter à une poignée de main ou à une bise sur la joue.

À cet état d’insuffisance que je viens de décrire, il y faut un remède qui ouvre l’abcès, car rien n’est plus néfaste à l’âme que de voguer en demi-teinte. Se tenir de la sorte, sans nulle ferveur ni progrès, dépité mais tranquille, répétant à tout vent : « je ne sais pas prier », est l’aveu inavoué que l’on ne prend pas un temps suffisant pour le faire. Et c’est ainsi que l’on ne prie plus assez. Ne gémissons plus. Mettons-nous à l’œuvre.

 

À chacun sa méthode, son style et sa manière, mais prions.

 

Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine
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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 10:22
Dimanche 14 février - 6e du Temps Ordinaire

Lettre à des catholiques - et aux autres - qui pensent que les jeûneurs sont des gêneurs.

 

Bonne nouvelle : à l’heure du tout, tout de suite et pour pas cher, l’Eglise propose un remède radical : le jeûne. La recette serait même un peu tendance ! Ne l’avez-vous pas remarqué ? Le jeûne a pris ces dernières années un véritable coup … de jeune ! "Jeûne thérapeutique", "jeûne et randonnée", "remise en forme par le jeûne" ; allez sur Internet ou dans les revues de santé en tout genre et vous serez surpris de la promotion en faveur de cette pratique plurimillénaire à laquelle le Judaïsme, et dans son sillage la toute première Église, ont donné un sens spirituel et religieux.

Pour autant, le jeûne chrétien n’est pas thérapeutique ou hygiénique même s’il peut avoir des effets positifs sur notre corps. Le jeûne suppose une attitude de Foi, d’humilité, de totale dépendance par rapport à Dieu. Dans un message de Carême, Benoît XVI insiste sur cepoint : "le jeûne est sans nul doute utile au bien-être physique, mais pour les croyants, il est en premier lieu une « thérapie » pour soigner tout ce qui les empêche de se conformer à la volonté de Dieu."


L’objectif visé n’est donc ni l’exploit - possible source d’orgueil - ni la souffrance qui amoindrit notre être quand elle n’est pas remplie d’amour. L’objectif du jeûne est le plus d’attention et d’ouverture à l’autre : Dieu et mon prochain. Lorsque j’accepte un manque je me découvre dépendant : de Dieu et de sa Parole d’abord, mais aussi des autres. La qualité des relations me devient absolument nécessaire … l’autre devient ma vraie nourriture !


Je vois poindre en vous des interrogations : il n’y a pas de mal à se faire du bien n’est-ce pas ?

Pourquoi me priverais-je de quelque chose qui n’est pas mal en soi ? Le polyphénol contenu dans le chocolat est même bon pour la santé : tous les pharmaciens le disent !


C’est très simple : jeûner, ce n’est pas en soi se priver de chocolat, c’est surtout vérifier qu’on est libre par rapport au chocolat. Voilà peut-être la raison pour laquelle le monde n’aime pas le jeûne et que les jeûneurs sont des gêneurs ! Parce qu’ils contestent silencieusement la loi totalitaire du désir qui est le ressort le plus puissant de notre société marchande. Regardez : il y a des chaînes partout ! Chaînes de montage, chaînes de magasins, chaînes de télévisions.


Jeûner c’est vérifier que ces chaînes extérieures ne se sont pas à la longue intériorisées, conduisant à la paralysie et à l’asphyxie de l’âme.

Le jeûne peut également nous enseigner la modération des nombreux autres appétits qui habitent en nous et qui peuvent conduire à commettre le mal. Car si vous apprenez à renoncer à manger lorsque vous avez faim – dans certaines limites bien entendu ! – vous découvrirez qu’il est possible de renoncer aux péchés que certaines situations nous poussent à commettre. En ce sens, le jeûne est une ascèse du besoin et une éducation du désir. Il nous amène à accepter de ne pas avoir tout, tout de suite et par quelque moyen que ce soit.


N’en déplaise à tous ceux qui pensent que le carême est l’équivalent du "ramadan des chrétiens", le jeûne n’est donc pas une grève de la faim pour faire plier Dieu ! C’est plutôt Dieu qui nous permet de nous faire plier nous-mêmes, pauvres êtres ligotés à des dépendances dont nous sommes trop souvent complices. Finalement, le jeûne est la correction d’un jeu de rôle : à ce « moi-moi » sans cesse affirmé et revendiqué il appelle un « Toi-Toi » : le Dieu d’Amour et de miséricorde qui attend que nous lui fassions un peu plus de place pour mieux agir en nous.

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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 11:05

Dimanche 7 février 2010 - 5e du Temps Ordinaire

La terre a besoin d’eau et de soleil pour être féconde…

Mais pas trop d’eau… Pas trop de soleil non plus… Pour qu’il n’y ait ni inondation, ni sécheresse !

La terre de notre âme connaît des moments heureux où l’eau de la grâce semble la baigner et le soleil de Dieu l’illuminer… Il y a des moments moins heureux où tout paraît sec et assoiffé… Pourquoi y a-t-il donc de ces moments où aucun des moyens que l’on a l’habitude de prendre ne paraît “fonctionner”…

Quand cet état de sécheresse se met un peu à durer, cela peut avoir plusieurs raisons…

Il faut donc essayer d’y voir de plus près sans trop s’inquiéter tout de même…


Est-ce que j’ai vraiment fait l’effort de penser à Dieu d’une manière ou d’une autre au cours de ma journée ? Ne me suis-je pas laissé aller dans le tourbillon de l’existence quotidienne, pris par "les multiples tâches du service" ?

Ce que je dois corriger est clair, alors : je dois me trouver des espaces de respiration, même très brefs (quelques secondes) pour “me souvenir de Dieu” dans le cours de ma journée…


Est-ce que dans ma vie, je m’efforce vraiment de me comporter selon l’Évangile ? Ou bien Dieu m’a fait signe, à plusieurs reprises peut-être, pour que je donne quelque chose ou que je m’engage dans une direction donnée… et comme Jonas, je prends de préférence la direction opposée…

Alors, la sécheresse est un signal qu’il faut que je change quelque chose dans ma vie, que je corrige mon orientation.


Peut-être, je vis dans ma vie un moment difficile et éprouvant, une difficulté dans mon développement psychologique ? Cela, bien sûr, ne joue pas sur la présence ou non de Dieu, mais simplement sur ma capacité psychique à goûter cette présence… Nous ne sommes pas faits une fois pour toutes, nous avons aussi une “histoire psychologique”… Mais il faut pouvoir distinguer une difficulté passagère d’une difficulté de fond.


Enfin, il se peut que je ne trouve aucune raison solide de mon côté pour expliquer cette sécheresse… Alors cela vient du côté de Dieu ? Pourquoi pas !

Mais alors, Dieu jouerait-il à cache-cache avec nous, avec une certaine cruauté ? Non, bien sûr…


Il faut bien comprendre d’abord que ce n’est pas parce que la prière est agréable qu’elle est de qualité ! Et ce n’est pas parce qu’elle est aride et laborieuse qu’elle a moins de prix aux yeux de Dieu ! Et si nous venons à la prière parce qu’elle est agréable, est-ce que nous y venons pour Dieu ou pour nous ?…

Il faut que notre amour pour Dieu grandisse et se fortifie ! Il faut que nous apprenions à aimer Dieu davantage pour lui-même et un peu moins pour les bienfaits qu’il nous procure, pour nous faire plaisir, en nous recherchant nous-mêmes. La sécheresse peut relever ainsi de la pédagogie de Dieu : il faut apprendre la gratuité de l’amour.


Il faut apprendre aussi que nous ne sommes pas les possesseurs de notre prière : ce n’est pas toujours à nous de conduire le vaisseau !

Il faut apprendre enfin que sans Jésus nous ne pouvons rien faire…

Car dans la sécheresse, nous sentons généralement davantage notre vulnérabilité et nous avons l’impression d’être moins doué que d’habitude pour vivre selon l’Évangile.


Ces périodes sont en réalité des temps de maturation où Dieu travaille en secret dans le fond de notre cœur pour que nous ressemblions davantage à l’Homme Nouveau, Jésus Christ, pour restaurer et embellir en nous l’image de Dieu.


Que devons-nous faire alors ?
Eh bien ! S’exercer à rejoindre ce travail secret, non senti, non encore perçu - mais ça viendra sûrement ! - par un mouvement de foi et d’espérance, “de nuit”… Et consentir à ces temps, souvent âpres, où l’on ne peut pas faire grand chose sinon de manifester notre bonne volonté en ne désertant pas - ou le moins possible… - les moments de prière fixés en des temps plus idylliques… Déjà quelque chose de nouveau nous est peut-être donné auquel nous ne sommes pas encore accoutumé…

Patience…

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17 janvier 2010 7 17 /01 /janvier /2010 10:30
Dimanche 17 janvier - 2e du Temps Ordinaire

"Or il y avait six récipients de pierre, utilisés pour la purification des Juifs, et qui contenaient deux ou trois mesures chacun." (Jn 2,6)

 

Les six jarres de Cana ont une valeur symbolique :

 

Six et la plénitude des temps

Dieu créa le monde en six jours et le septième jour il se reposa (Gn 2,2 dans les Septante). Or, le récit de la création a une charge prophétique : la manière avec laquelle Dieu crée le monde prélude à la manière avec laquelle il le recrée en le perfectionnant pendant toute l’histoire du salut. C’est pourquoi les éléments de Gn 1-3 deviennent l’objet d’une relecture eschatologique (pour l'avenir et la plénitude des temps). (Cf. Gal 4, 4, la plénitude des temps)

 

Six, comme toute l'histoire humaine

Dans le livre de la Genèse au chapitre un, les six jours de la création, matérialisent six millénaires, parce que 1000 ans sont comme un jour (Ps 90,4), ou les grandes époques où Dieu mènera à la perfection l’œuvre de ses mains et la fera reposer dans le Shabbat de la fin des temps. Beaucoup de pères de l’Église avaient divisé ainsi les six âges :

1° d’Adam à Noé ;

2° de Noé à Abraham ;

3° d’Abraham à David ;

4° de David à l’exil à Babylone ;

5° de l’exil à Jean Baptiste ;

6° l’ère de la présence de Jésus Christ jusqu’à la résurrection et le jugement final.

 

Comment cette tradition est-elle née ?

Le récit de Genèse, au chapitre deux et trois, reflète l’histoire d’Israël, et reflète la révélation faite dans l’histoire d’Israël : Adam est créé comme Israël est sorti du chaos ; Adam et Ève, comme Israël, reçoivent une loi ; Adam et Ève, comme Israël, pèchent ; Adam et Ève, comme l’Israël, vivent une reprise du dialogue et reçoivent une promesse d’espoir.

Puis, le récit de Genèse fut interprété comme origine de toute l’humanité, créé dans l’amour d’une alliance : il y a une alliance avant l’alliance avec Israël : l’alliance avec Noé et avec Adam ; et telle est aujourd’hui encore la lecture chrétienne.

Dieu entre dans l’histoire, il respecte notre capacité de réception c’est-à-dire notre rythme, nos étapes. Dans l’évangile de Cana (Jn 6), les six jarres évoquent les 6 grandes étapes.

 

6 jarres de 2 ou 3 mesures : une abondance extraordinaire

Chacune des six jarres contenaient 2 ou 3 mesures, c’est-à-dire une abondance extraordinaire.

Mais il y a aussi un jeu sur les nombres :

 

2 est le premier des chiffres pairs et féminins, 3 est le premier des chiffres impairs et masculins, 2 et 3 forment ensemble un nombre parfait ;

 

2 fois 3 = 6, chaque jarre évoque le chiffre 6, chacune tend déjà vers la plénitude: c’est-à-dire que chaque époque était en chemin vers le Christ et en préfigurait le jour.

 

Enfin, les six jarres de Cana, maintenant pleines d’un vin excellent, annoncent que la parole de Jésus est la nouvelle Torah, parole créatrice.

 

En chacun de ceux qui accueillent la parole et en qui demeure la parole (Jn 15, 5.7), le Verbe réalise une nouvelle création et de la possibilité de devenir fils de Dieu (Jn 1, 12), par l’Esprit Saint qui fait naître de nouveau (Jn 3,5).

par A. Serra

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 15:28
Dimanche 10 janvier, Baptême du Seigneur

L'absence d'un vrai prêtre est, dans une vie, une détresse sans nom. Le plus grand cadeau qu'on puisse faire, la plus grande charité qu'on puisse apporter, c'est un prêtre qui soit un vrai prêtre. C'est l'approximation la plus grande qu'on puisse réaliser ici-bas de la présence visible du Christ...

Dans le Christ, il y a une vie humaine et une vie divine. Dans le prêtre, on veut retrouver aussi une vie vraiment humaine et une vie vraiment divine. Le malheur, c'est que beaucoup apparaissent comme amputés soit de l'une, soit de l'autre.

Il y a des prêtres qui semblent n'avoir jamais eu de vie d'homme. Ils ne savent pas peser les difficultés d'un laïc, d'un père ou d'une mère de famille, à leur véritable poids humain. Ils ne réalisent pas ce que c'est vraiment, réellement, douloureusement, qu'une vie d'homme ou de femme.

Quand les laïcs chrétiens ont rencontré une fois un prêtre qui les a "compris", qui est entré avec son cœur d'homme dans leur vie, dans leurs difficultés, jamais plus ils n'en perdent le souvenir.

A condition toutefois que, s'il mêle sa vie à la nôtre, ce soit sans vivre tout à fait comme nous. Les prêtres ont longtemps traité les laïcs en mineurs ; aujourd'hui, certains, passant à l'autre extrême, deviennent des copains. On voudrait qu'ils restent pères. Quand un père de famille a vu grandir son fils, il le traite désormais en homme et plus en gamin, mais il le considère toujours comme son fils : un fils, un homme.

 

On a besoin également que le prêtre vive d'une vie divine. Le prêtre, tout en vivant parmi nous, doit rester d'ailleurs. Les signes que nous attendons de cette présence divine ?

- la prière : il y a des prêtres qu'on ne voit jamais prier (ce qui s'appelle prier) ;

- la joie : que de prêtres affairés, angoissés !

- la force : le prêtre doit être celui qui tient. Sensible, vibrant, mais jamais écroulé ;

- la liberté : on le veut libre de toute formule, libéré de tout préjugé ;

- le désintéressement : on se sent parfois utilisé par lui, au lieu qu'il nous aide à remplir notre mission ;

- la discrétion : il doit être celui qui se tait (on perd espoir en celui qui nous fait trop de confidences) ;

- la vérité : qu'il soit celui qui dit toujours la vérité ;

- la pauvreté : c'est essentiel. Quelqu'un qui est libre vis-à-vis de l'argent ; qui ressent comme une "loi de pesanteur" qui l'entraîne instinctivement vers les plus petits, vers les pauvres ;

- le sens de l'Église enfin : qu'il ne parle jamais de l'Église à la légère, comme étant du dehors ! Un fils est tout de suite jugé, qui se permet de juger sa mère...

 

Mais souvent une troisième vie envahit les deux premières et les submerge : le prêtre devient l'homme de la vie ecclésiastique, du "milieu clérical"; son vocabulaire, sa manière de vivre, sa façon d'appeler les choses, son goût des petits intérêts et des petites querelles d'influence, tout cela lui fait un masque qui nous cache douloureusement le prêtre, ce prêtre qu'il est sans doute demeuré par derrière ...

 

L'absence d'un vrai prêtre dans une vie, c'est une misère sans nom, c'est la seule misère.


selon Madeleine Delbrêl (1904-1964)

 

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 11:50
Dimanche 3 janvier 2010 - Epiphanie du Seigneur


"La récente et énième controverse médiatique relative à Pie XII a donné, à certains, une énième occasion de déplorer que le Vatican n’ouvre pas ses archives sur la période dramatique que constitue la Seconde Guerre mondiale. Le nom officiel même de ces archives, Archivio Segreto Vaticano (ASV), semble désigner quelque recoin obscur, inaccessible aux profanes, où le Saint-Siège conserverait jalousement, frileusement, des documents censés receler des secrets, des choses cachées. [...] Ceux qui, dans la presse ou dans des déclarations publiques, réclament l’ouverture des archives relatives au pontificat de Pie XII ou regrettent qu’elles ne soient pas plus facilement accessibles, racontent n’importe quoi.

On se souvient que c’est Jean-Paul II qui a autorisé l’ouverture des archives sur le pontificat de Pie XI et celles du pontificat de Pie XII relatives aux années de guerre. Depuis plusieurs années, des chercheurs sérieux obtiennent, chaque année, communication de documents sur ces périodes. Le Saint-Siège lui-même a publié, depuis longtemps ou plus récemment, d’importants recueils documentaires : après les Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale (12 volumes publiés entre 1965 et 1981), il y a eu les deux volumes intitulés Inter Arma Caritas (2004) qui portent sur l’Office d’information sur les prisonniers de guerre, créé par Pie XII en 1939 et qui a fonctionné jusqu’en 1947. Toutes les archives relatives aux années de guerre ne sont pas encore accessibles car les classer et les répertorier demande un temps considérable. [...] Chaque jour, les ASV accueillent 40 à 50 chercheurs, qui travaillent principalement sur les périodes médiévale et moderne. 

Cet argument des archives non ouvertes ou pas assez ouvertes est non seulement infondé, mais il apparaît comme le dernier prétexte des adversaires de la cause de Pie XII. En 2005, Mgr Sergio Pagano, le Préfet des Archives vaticanes, constatait déjà avec humour : «Ils appellent à l’ouverture des archives comme pour entrer dans une forteresse secrète dont ils imaginent la résistance. Mais quand la porte s’ouvre, ceux qui se lançaient à l’abordage ne se présentent pas, ou font une visite presque touristique.»

Chaque jour, les chercheurs qui viennent travailler aux ASV inscrivent leur nom sur un registre où figurent leur heure d’arrivée et leur heure de départ et l’objet de leurs recherches. On sait donc exactement qui a travaillé sur quoi et pendant combien de temps. Tel journaliste-historien qui se vantait d’avoir exploré pendant plusieurs mois les Archives vaticanes pour écrire un livre sur Pie XII a été confondu par ces registres : il n’y a travaillé que trois semaines, ce qui est peu quand on considère la masse des documents déjà accessibles sur la période et quand on sait que les ASV ne sont ouvertes que le matin.

Le P. Peter Gumpel, rapporteur de la cause de Pie XII à la Congrégation pour les causes des saints, s’est étonné récemment que les chercheurs ne soient pas plus nombreux à se présenter aux ASV pour consulter les archives sur la guerre déjà disponibles. Il s’étonne aussi que les autres archives publiques — celles des Etats avec lesquels le Vatican entretenait des relations diplomatiques pendant la guerre — soient si peu explorées. Elles contiennent pourtant, à l’évidence, des documents qui permettraient d’apporter des éclairages nouveaux ou, du moins, supplémentaires, sur l’action de Pie XII et du Saint-Siège pendant la guerre."

Par Yves CHIRON, Historien.
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28 décembre 2009 1 28 /12 /décembre /2009 20:59
Dimanche 27 décembre - Sainte Famille

par Mgr Léonard, évêque de Namur (Belgique)

 

Les prêtres – et les évêques ! – ont leurs défauts. Un évêque est bien placé pour le savoir… Dans les pays d’Occident, le principal défaut est, dans le chef d’une minorité, d’ordre intellectuel. Mal préparés, peut-être, au temps du séminaire, à affronter avec esprit critique les grands courants de pensée, mais aussi les slogans faciles de notre époque, ils ont, souvent de bonne foi, ratifié une lecture très sélective et fort superficielle des textes du Concile Vatican II. D’où les approximations, voire les erreurs doctrinales, les désaccords irresponsables avec l’enseignement moral de l’Église, les bricolages bénins ou parfois graves sur le plan liturgique, les entorses lourdes de conséquences à la discipline sacramentelle.

Les dérapages d’ordre moral sont moins nombreux qu’on ne le dit. Parfois fleurit dans la presse telle ou telle déclaration prétendument statistique, mais ne reposant sur aucune enquête scientifique, selon laquelle 30% seraient alcooliques, 20% pratiquants homosexuels, 15% concubins discrets, 10% psychopathes légers, 5% pédophiles, etc. Je cite de mémoire des chiffres rocambolesques parfois entendus. Ils n’ont d’autre fondement assuré que l’imagination de ceux qui les avancent. Certes, dans chaque diocèse, il y a un certain nombre de prêtres qui ont des problèmes d’alcool, qui mènent une vie affective ambiguë ou qui connaissent des moments de déséquilibre psychique. L’évêque connaît une partie de ces situations et essaie de les gérer du mieux qu’il peut avec les intéressés et l’aide de personnes compétentes. D’autres, par définition, lui restent probablement inconnues ou ne lui reviennent que sous la forme de rumeurs souvent incontrôlables, mais qu’il cherche quand même à vérifier ou à infirmer. Pour avoir rencontré personnellement et avoir vu vivre sur le terrain tous les prêtres de mon diocèse et la plupart de ceux qui œuvrent en dehors du diocèse, je pense pouvoir dire que le type de chiffres avancés ci-dessus est hautement fantaisiste. Et, de toute manière, si dérapages il y a, ils sont proportionnellement moins nombreux que dans le reste de la population, ce qui est d’ailleurs on ne peut plus logique, étant donné les procédures exigeantes de recrutement et de sélection.

Les fidèles ont, en général, une attitude très juste à l’égard de leurs prêtres. Il y a, bien sûr, les pisse-vinaigre qui, à la moindre incartade, réelle ou supposée, de leur curé, envoient une lettre, parfois anonyme, un courriel vengeur, voire une pétition, pour dénoncer leur pasteur auprès de l’évêque. Il faut alors faire la part des choses et, souvent, prendre la défense du curé qui n’a fait que son devoir, fût-ce, à l’occasion, un peu maladroitement. Mais, le plus souvent, les gens ont un jugement juste concernant leurs pasteurs. Ils leur passent volontiers quelque dérapage occasionnel ou inoffensif : un verre de trop lors d’une fête, un comportement un peu léger en telle circonstance, un retard lors d’un office, etc. Les seuls cas où les fidèles se montrent impitoyables, c’est lorsqu’ils sont confrontés à des abus sexuels caractérisés sur des personnes fragiles, à un autoritarisme arbitraire ou à l’avarice, à l’appât du gain de la part de leur prêtre. Dans ces cas surtout, leur attitude les désole profondément. Mais, heureusement, elle est rare.

En effet, ce qui me semble caractériser globalement les prêtres de ce temps, quelles que soient leurs orientations doctrinales et leurs sensibilités liturgiques ou autres, c’est leur générosité foncière, leur désintéressement, leur dévouement à leur peuple. Oui, beaucoup de gens considèrent leur pasteur comme un ami sur lequel ils peuvent compter. Je suis d’ailleurs toujours dans l’admiration quand je vois comment les curés et vicaires de mon diocèse connaissent leurs gens, sont au courant des joies et peines de leur vie et les partagent fraternellement avec eux. Ils sont près de leur peuple. Il est d’ailleurs symptomatique que les critiques viennent rarement des paroissiens réguliers, mais plutôt des paroissiens irréguliers ou de chrétiens étrangers à la paroisse. Plus les gens sont étrangers à une paroisse, plus ils sont exigeants, parfois à la limite de la bienséance, à l’égard de prêtres qu’ils traitent comme des valets. Mais ceux qui vivent de l’intérieur la vie de l’Église savent, eux, qu’ils peuvent compter sur la disponibilité sans faille de leur pasteur.

La présence du prêtre parmi nous est une grande grâce, car, pour reprendre les mots bien connus du saint Curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, le patron de tous les curés du monde : « Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus ! » Et l’amour ne demande qu’à être aimé. Avec cela, tout est dit.
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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 10:43
Dimanche 20 décembre - 4ème dimanche de l'Avent

Dès que Marie a été visitée par l'Ange, elle s'est rendue en hâte chez sa cousine Élisabeth qui elle-même attendait un enfant. Et l'enfant à naître, Jean-Baptiste, a tressailli de joie dans le sein d'Élisabeth. Quelle merveille ! Dieu tout-puissant choisit un enfant à naître pour annoncer la venue de son Fils !

Marie, par le mystère de l'Annonciation et de la Visitation, représente le modèle même de la vie que nous devrions mener. D'abord, elle a accueilli Jésus dans son existence ; ensuite, ce qu'elle avait reçu, elle l'a partagé.

 

Chaque fois que nous recevons la Sainte Communion, Jésus le Verbe devient chair dans notre vie - don de Dieu, tout à la fois beau, gracieux, singulier.

 

Telle a été donc la première Eucharistie : l'offertoire par Marie de son Fils en elle, elle en qui il avait établi le premier autel.

 

Marie, la seule qui pouvait affirmer d'une confiance absolue : « ceci est mon corps », à partir de ce premier moment a offert son propre corps, sa force, tout son être, à la formation du Corps du Christ.

 

Notre mère l'Église a élevé les femmes à un grand honneur devant la face de Dieu en proclamant Marie Mère de l'Église.

 


Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta (1910-1997),
fondatrice des Soeurs Missionnaires de la Charité

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 10:50
Dimanche 13 décembre, 3e dimanche de l'Avent

Tous les prophètes, ainsi que la loi, ont parlé jusqu’à Jean, a déclaré un jour Jésus. Et, si vous voulez bien comprendre, le prophète Élie qui doit venir, c’est lui» (Mt 11,14). Jean Baptiste occupe une place unique dans l’histoire du salut. À l’extrême pointe de la lignée des prophètes, à la jonction entre les deux alliances, il est ce nouvel Élie annoncé par Malachie (Ml 3,23), «préparé pour la fin des temps» (Si 48,10), et qui précède l’apparition du Royaume de Dieu. Après tant de lointains précurseurs du Messie qui ont jalonné le long Avent de l’histoire d’Israël, il est celui qui précède immédiatement la venue du Seigneur et en qui l’humanité le rencontre.

Et c’est justement cette grande figure de Jean Baptiste que la liturgie nous invite à contempler dans les jours qui précèdent la Nativité du Seigneur. Celui qui a précédé Jésus dans sa vie terrestre et dans son ministère prépare chaque année l’Église à la venue du Sauveur. Il y a un perpétuel Avent du Christ et «jusqu’à aujourd’hui l’esprit et la vertu de Jean précèdent l’Avent du Seigneur Sauveur» (Origène).

La voix de celui qui crie dans le désert

Le prophète Isaïe avait annoncé que la venue de Dieu serait préparée par un messager (Is 40,3). Et voilà que des siècles plus tard «la Parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert [...]. Et il vint proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés, comme il est écrit au livre des paroles d’Isaïe le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur» (Lc 3,2-4). Après une longue attente dans le silence de tout ce qui n’est pas Dieu, le dernier et le plus grand des prophètes livre un ultime message de conversion. Il porte en lui comme le symbole de toutes ces voix» qui l’ont précédé (saint Bernard), mais il les dépasse infiniment (Lc 7,26). Car Jean Baptiste prépare les cœurs à accueillir la Bonne Nouvelle (Lc 3,18), l’Évangile de la grâce de Dieu. Sa vocation bienheureuse est, et sera toujours, d’annoncer le salut et la rémission des péchés aux prisonniers des ténèbres et de la mort (Lc 1,79), de proclamer que l’amour de Dieu qui est un feu dévorant (Lc 3,17) sera le plus fort.

La lampe qui brûle et qui éclaire

Les anciens prophètes avaient entrevu de loin (Cf. Nb 24,17) la clarté du jour du Seigneur. Jean Baptiste, lui, vit déjà dans la lumière du Christ ; rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère (Lc 1,41), il ne vit que de cette lumière. Et lorsque paraît Jésus, l’Esprit qui veille en lui rend témoignage à son esprit : «Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas» (Jn 1,26). Jean rend témoignage à la lumière (Jn 1,7), il est le feu qui éclaire pour Israël le visage encore obscur du Christ. Il est «la lampe qui brûle et qui éclaire» (Jn 5,35) pour que nous puissions raviver un instant à sa lumière la vive flamme de notre espérance. Jusqu’à ce que, Soleil levant, lumière d’en haut, le Seigneur vienne nous visiter (Lc 1,78).

Son nom est Jean

Jean ne manifeste pas seulement le Christ à travers ses paroles, mais à travers sa vie entière, qui est toute relative au Christ. Les événements de sa naissance, rapportés par Luc dans l’Évangile de l’enfance et lus dans la semaine préparatoire à Noël, sont comme une annonce de ceux de la naissance de Jésus. La naissance merveilleuse de Jean, le fils de la femme stérile (Lc 1,36), est une œuvre de la puissance de Dieu qui n’a pas d’autre fin que de préparer une œuvre infiniment plus grande, celle de la naissance de Jésus. Elle «magnifie la miséricorde de Dieu» (Lc 1,58), elle rappelle la fidélité de Dieu à sa grâce tout au long de l’histoire d’Israël — «Son nom est Jean» (Lc 1,63), c’est-à-dire Dieu fait grâce — et elle prépare ainsi les cœurs à accueillir dans la foi la grâce incomparable de l’incarnation. «Car rien n’est impossible à Dieu» (Lc 1,37).

Par les Fraternités Monastiques de Jérusalem
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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 11:04
Dimanche 6 décembre 2009 - 2e Dimanche de l'Avent

Dans quelques semaines, nous allons célébrer la naissance du Sauveur, du Fils de Dieu qui a voulu prendre notre humanité pour que nous puissions avoir part à sa divinité. Nous étions morts à cause de nos fautes, mais dans sa miséricorde, Dieu notre Père nous a rendu la Vie en son Fils. En lui, par sa mort sur la croix, il a vaincu toute mort et de son cœur transpercé, il a laissé jaillir sur le monde les sources de la Vie, les sources de l’Amour.


Dans les supermarchés, les rayons de jouets, de cadeaux en tout genre sont désormais en bonne place ; des catalogues circulent pour permettre aux enfants de passer leur commande. Dans les rues de nos villes et villages, les illuminations prennent place comme chaque année ; sur les places, les marchés de Noël s’installent. Enfin, nous serons prêts pour les fêtes.


Mais quelle est donc la signification de cette orgie de la consommation ? La fête de Noël est-elle compatible avec autant de dépenses, de gaspillages, de superficialité ? Peut-on, pendant quelques semaines, se laisser aveugler ainsi sur la réalité de la situation de tous ceux qui sont atteints de plein fouet par la crise, par la perte d’un emploi, par le surendettement, par des fins de mois difficiles. Peut-on fermer les yeux sur ces millions d‘hommes et de femmes dont le quotidien est la faim, la misère, la maladie ? Peut-on oublier la réalité du tiers monde, du quart monde ? Et si Noël était autre chose que cette surchauffe du monde matériel !


Nous avons encore quatre semaines pour réfléchir et pour changer nos cœurs. Car la fête de Noël de cette année 2009 n’a d’autre signification que le désir de Dieu de venir naître en chacun de nous, là où nous ne l’avons pas encore accueilli. Arrêtons de nous masquer la réalité, regardons en face l’égoïsme qui nous habite, cet esprit de critique, de jugement, de médisance, notre individualisme, notre incapacité à aimer vraiment, à ouvrir vraiment notre cœur à l’autre. Faisons la vérité en nous, arrêtons de vivre dans le mensonge. N’ayons pas peur de reconnaître la misère de notre cœur pour accueillir le Sauveur, n’ayons pas peur de nous ouvrir au pardon de Dieu qui a soif de faire toute chose nouvelle en nos cœurs.


Pendant ces quatre semaines du temps de l’Avent, préparons nos cœurs en reconnaissant notre pauvreté, notre dureté de cœur, notre misère, notre incapacité à changer par nos propres forces, et demandons à l’Enfant Dieu qu’Il vienne naître en nous dans la nuit de Noël pour habiter notre vie de sa présence, de son amour. Laissons l’Esprit Saint creuser en nous le désir de sa venue. Alors nous vivrons le miracle de Noël comme dans la pastorale des santons de Provence où, au contact de la grâce de Noël, les cœurs sont transformés et où chacun change de vie, il n’est plus le même, il est habité par celui qui vient de naître. Il ne sait pas comment cette transformation s’est opérée, mais il sait qu’Il est là en lui et que sa présence a changé sa vie.


Enfin, pour vous préparer à Noël, je vous invite à accueillir la lettre que nous tous, évêques de France, réunis pour la Conférence Épiscopale, nous avons voulu adresser à chacune de nos communautés chrétiennes. A l’approche de Noël, nous vous lançons un appel afin de vous encourager à ressourcer tout effort de solidarité dans le mystère du Fils de Dieu, né de Marie, qui « s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté » (2 Corinthiens 8, 9).


Bon temps de l’Avent à tous.


Mgr Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon

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