Pour les petits, le meilleur moment de la messe, c'est la quête ! On s'agite un peu, on joue avec ses pièces, on les fait rouler sous la chaise du voisin, on se met à quatre pattes pour les récupérer, on se relève rouge et haletant ; trop tard, le panier est déjà passé, vite, vite, on court après. La quête, c'est vraiment bien.
Les adultes, eux, n'y voient pas le même intérêt. C'est vraiment bizarre, les adultes. Pourquoi certains n'aiment-ils pas ce moment magique entre tous ? Parce que ça fait du bruit ? Parce que ça permet aux petits de s'ébrouer ? Rien de tout cela. L'argent, pensent-ils, n'a pas sa place à l'église.
Pourquoi donner à la quête ? Parce que la paroisse a besoin d'argent pour couvrir ses frais, mais aussi pour se donner les moyens concrets de sa mission d'évangélisation. Fleurs, chauffage, électricité, assurances, bâtiments, aide aux plus démunis : rien de tout cela n'est gratuit.
Si la quête est faite au moment de l'offertoire, ce n'est pas un hasard ! Avec le prêtre, nous offrons au Seigneur "le fruit de la terre et du travail des hommes". Chacun offre sa vie, ses épreuves, ses difficultés, ses joies, ses réussites, mais aussi le fruit de son propre travail.
Les pièces rouges foisonnent dans le panier de la quête. Si elles sont le don d'un enfant qui les a prélevées dans sa tirelire, c'est magnifique. Comme l'obole de la veuve ! Si c'est le don d'un adulte radin, c'est un peu triste.
La paroisse vit grâce au produit des quêtes, des messes et des casuels (offrandes de mariage, de baptême, de funérailles). Il ne s'agit pas, comme le craignent certains, de payer des sacrements : ils sont gratuits !
Pourquoi verser le denier de l'Église ? Parce que l'Église diocésaine a besoin d'argent pour assurer la vie matérielle des prêtres, ainsi que la rémunération et la formation des laïcs salariés qu'elle emploie.
Le denier de l'Église, versé par chaque foyer catholique ("pratiquant" ou non) à son diocèse, sert à cela. Il faut bien que les prêtres et les évêques s'achètent du pain et des chaussettes, mettent de l'essence dans leur voiture (elles ne roulent pas à l'eau bénite), se logent, se nourrissent, se soignent, se forment. Leur traitement dépend directement des dons faits au diocèse.
Savez-vous ce que votre curé reçoit de son diocèse ? La même chose que son évêque et que son vicaire, c'est-à-dire à peu près la moitié du smic. Pas de quoi faire des folies...
Que donner ? L'équivalent d'une ou deux journées de travail, 1 ou 2 % de vos revenus, les suggestions des diocèses varient. Chacun est très libre de participer à la mesure de ce qui lui semble juste.
Pourquoi verser, en plus, des "honoraires" de messes ? Pour compléter le traitement très insuffisant versé au prêtre. Comme tout homme il vit de son travail : l'eucharistie, qui est au cœur de sa vie, n'est-elle pas aussi au cœur de son ministère ? S'il fallait la "payer" à son juste prix, même Bill Gates n'aurait pas les moyens de s'en offrir une !
Les honoraires sont versés au prêtre, à raison d'une messe par jour. Les honoraires "excédentaires" sont reversés à d'autres prêtres, dans le diocèse et à l'extérieur (certaines paroisses aident ainsi de manière substantielle des prêtres missionnaires). Que donner ? L'Église de France suggère 16 euros.
Aujourd'hui, seuls 10 % des catholiques participent au denier du culte, alors que 70 % donnent à des œuvres. "Personnellement, je ne donne pas au denier du culte, mais je donne au Secours catholique, à la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, bref, à des gens qui sont vraiment dans l'action...", ai-je lu récemment. Prêtres qui me lisez, restez calmes !
Jésus et ses disciples avaient, eux aussi, une caisse commune pour leurs besoins quotidiens et pour leurs oboles (le problème, c'est que Judas en avait la charge et qu'il avait tendance à piquer dans la caisse !). Le Christ savait être très concret. Sachons l'être également : ayons le sens des réalités et ne fuyons pas le matériel. Notre offrande est l'expression de notre appartenance à la communauté ecclésiale. En prenant en charge ses besoins, nous montrons que ne sommes pas uniquement là en consommateurs.
Bien au-delà du rapport que nous entretenons avec l'argent, posons-nous la question : sommes-nous prêts à donner à notre Église les moyens de sa mission ?
J. L.
